Patriotisme joyeux – L’édito de Patrice Chabanet
La fête fut ample et impressionnante. La victoire des Bleus a agi comme un déclic dans une société plutôt habituée aux grands défilés de deuil ou de protestation. Elle a libéré ce besoin de passer à autre chose, de s’éclater ne serait-ce que quelques jours. La nostalgie de l’enthousiasme de 1998 a toujours été là pour entretenir l’espoir. Avant-hier soir et hier, dans la capitale, les supporters ou les simples citoyens sont venus dire merci à ces faiseurs de rêve éveillé que sont les vainqueurs de la Coupe 2018. C’était beau à voir, tout simplement.
Les festivités que nous venons de vivre ne ressemblaient pas tout à fait à celles d’il y a 20 ans. Elles ont fait apparaître un patriotisme joyeux. Il n’a pas été question de la France « black, blanc, beur », mais d’un attachement clair et net aux valeurs de notre démocratie, liberté, égalité et fraternité. Entendre les joueurs français entonner la Marseillaise sur le perron de l’Elysée et crier « vive la République » n’est certainement pas une lubie des éternels conseillers en communication. Il faut y discerner une évolution des esprits qui privilégie l’adhésion à notre pacte républicain plus propice à l’intégration qu’un communautarisme dynamiteur de la société. A cet égard, les champions du monde, détenteurs d’une deuxième étoile, ont fait plus pour recoudre le tissu national que de longs discours sur l’identité française. Le sport est devenu un sas d’intégration et de valorisation qui n’a rien de théorique. Il privilégie la compétence et la performance, des critères autrement plus objectifs que l’origine culturelle et religieuse. L’équipe de France de football est le fruit de la diversité, c’est évident. Mais elle était mue par un seul but : faire de notre pays le champion du monde du ballon rond. D’ailleurs, comme par hasard, aucune voix politique ne s’est fait entendre pour reprocher au Onze tricolore de ne pas être composé de vrais petits Français….