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Patrick Deville, « un étonnant voyageur »

Patrick Deville a présenté son dernier livre, “Samsara”, à la librairie Apostrophe, à Chaumont.(Photo Dominique Piot)

Patrick Deville, que beaucoup connaissent pour son roman “Peste et Choléra” abondamment primé, est venu à la Librairie Apostrophe pour présenter son dernier ouvrage, “Samsara”, paru comme tous les précédents aux éditions du Seuil. Interrogé par Gérard Meudal, il a pris le temps de replacer ce livre dans l’ensemble de son œuvre et de partager avec le public sa conception originale de la littérature.

“Samsara” est le neuvième opus d’un cycle de douze livres qu’il a intitulé avec humour “Abracadabra”. Chacun d’eux se déroule dans un pays du monde que l’auteur va visiter, observer, sur lequel il accumule des renseignements et dont il étudie particulièrement le passé de 1860 à nos jours puis il choisit de raconter des histoires réelles où il met des vies en parallèle. Le tout savamment orchestré, chaque roman pouvant se lire séparément mais contenant beaucoup de points communs avec les autres. Ainsi des titres qui contiennent tous des « a » comme Abracadabra ! et bien d’autres éléments que le lecteur a la surprise de découvrir.

“Samsara” est le nom porté par la grande roue des vies successives à travers la réincarnation. C’est, chez les hindouistes, le lieu de la “transmigration des âmes”. L’auteur y raconte son voyage en Inde sur les traces de Gandhi, “l’icône des billets de cinq cent roupies” et d’un personnage beaucoup moins connu, héros lui aussi de la lutte pour l’indépendance de l’Inde : Pandurang Khandhoje. Il retrace avec beaucoup de précisions leurs parcours parallèles. L’un a choisi la voie pacifique, l’autre la voie guerrière et tous deux vont beaucoup voyager. Pandurarang surtout qui a fait le tour du monde afin de trouver les ressources financières et militaires nécessaires pour libérer son pays du joug britannique. « Mohandas Gandhi faisait une lecture inverse, prônait la résistance passive et la désobéissance civile. Il mourra sous les balles quand le combattant Pandurang mourra dans son lit. » Ironie du sort !

« Tout est réel ; tout peut être vérifié », assure l’auteur qui porte un soin maniaque à chaque détail. Cette forme de littérature, le roman sans fiction lui convient bien car il se sentait trop à l’étroit. Très attentif à la forme, il est heureux de pouvoir ainsi jouer avec tous les genres littéraires, en changer s’il le veut, à chaque chapitre.

Une écriture très ritualisée, travaillée avec des contraintes qu’il s’impose à lui-même. Un roman inclassable, à la fois document historique et création littéraire, une épopée érudite étonnante et passionnante.

De notre correspondante

Françoise Ramillon

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