Passion rapaces

A leur arrivée en Ariège, au milieu des années 1990, Ghislaine et Thierry Nicaise ne pratiquaient pas la photo. Mais l’ambiance particulière des Pyrénées et l’essor du numérique, moteur de la démocratisation de la pratique photographique, ont fait leur œuvre.

« J’ai toujours observé la nature tient à préciser Thierry Nicaise. Mais avant, une paire de jumelles me suffisait. A partir des années 2000, on a commencé à photographier ce que l’on observait. » Et en particulier les rapaces pour qui le couple développe un intérêt tout particulier. Ce sont eux qui sont au centre de l’exposition qu’ils présentent au Foyer rural de Giffaumont-Champaubert.

Arriver aux superbes images qui y sont exposées n’est pas une mince affaire. Ghislaine et Thierry Nicaise ont dû faire preuve d’ingéniosité et construire des affûts permanents dans la montagne. « Avec un affût temporaire, ça ne marche pas, explique Thierry. Les rapaces font confiance aux corvidés. S’ils sont là, c’est que les lieux sont sécurisés, or le corbeau est particulièrement méfiant. Une tente classique ne le trompera pas. Nous construisons nos affûts avec du matériel végétal. » Le “nous” est important, car les Nicaise travaillent en couple. Tous deux produisent des images. Et tous deux s’entraident pour y parvenir. « Par exemple, s’ils voient quelqu’un rentrer dans l’affût, c’est fichu. Et, même, s’ils voient quelqu’un en sortir, ils s’en rappelleront pendant des semaines, les oiseaux ont une bonne mémoire. Mais par contre, ils ne savent pas compter ! En venant à deux, si l’un d’entre nous rentre, et que l’autre repart, pour les oiseaux, c’est comme si personne n’était rentré. Ils ont vu repartir une présence humaine, ça leur suffit. »

Et puis le couple se relaie, partage ses connaissances. « On se complète », confie Thierry Nicaise. La photographie est une activité qui leur prend beaucoup de temps. « Et beaucoup de temps perdu ! C’est le lot de tous les photographes. On peut passer une journée à l’affût et ne rien voir d’intéressant… Mais les moments où toutes les étoiles sont alignées rattrapent largement ce sentiment. »