Passion Charles Nodier pour l’historien de Langres Jacques-Rémi Dahan
L’historien langrois de la littérature poursuit son grand-œuvre sur Charles Nodier, l’un des pionniers du romantisme, avec une nouvelle anthologie monumentale couvrant, cette fois, la période 1800-1823.
« J’ai commencé par la fin, par l’automne-hiver. Place maintenant au printemps-été ! ». Historien de la littérature, bien connu des Langrois pour présider, depuis de longues années, l’association des Amis des musées de Langres Jacques-Rémi Dahan est en passe d’achever son grand-œuvre. Sa monumentale étude de Charles Nodier, l’écrivain, journaliste et diplomate de la première partie du XIXe siècle considéré comme l’un des pionniers du mouvement romantique (celui de Victor Hugo et d’Alphonse de Lamartine), vient de franchir une nouvelle étape avec l’anthologie de la période 1800-1823. Intitulée “Feuilletons du Journal des débats et autres écrits critiques (1800-1823)”, elle est publiée aux éditions Garnier, en deux volumes.
La considération de Victor Hugo
Pour Jacques-Rémi Dahan, l’histoire d’amour, ou du moins… romantique, avec Charles Nodier, débute dès ses études : « J’y ai consacré ma thèse et, depuis, j’ai continué à travailler sur lui et sur son œuvre ». Ce qui le fascine particulièrement est l’influence exercée sur toute une génération par celui qui n’est, somme toute, guère passé à la postérité : « Charles Nodier est un des pères du romantisme français ». Victor Hugo le considère notamment comme un véritable père spirituel. Le hasard a d’ailleurs voulu qu’ils naissent tous deux à Besançon, à quelques maisons (et années) d’intervalle.
En conflit avec Napoléon Ier
Après s’être consacré à la maturité de Charles Nodier, Jacques-Rémi Dahan, qui a profité du premier confinement pour poursuivre son travail, dépeint ici ses débuts, à la fois littéraires mais aussi politiques : « Son père, qui fut maire de Besançon pendant la Révolution, est un homme qui fut assez radical sur le plan politique. Lui a d’abord été bonapartiste, mais s’en est très vite détaché. Ensuite, il est devenu royaliste, plutôt légitimiste ». Volontiers satirique, Charles Nodier fait même un court séjour en prison après avoir revendiqué la paternité d’un libellé contre le nouvel Empereur.
Pourtant, ses talents sont mis à profit, mais loin de la France métropolitaine de préférence. « En 1812, il est nommé bibliothécaire et directeur du Télégraphe officiel à Laibach, l’actuelle Ljubjana, le territoire venant d’être conquis par Napoléon », explique Jacques-Rémi Dahan. Là-bas, Charles Nodier entretient de bonnes relations avec le gouverneur nommé par Napoléon, lui aussi en disgrâce : Joseph Fouché.
Derrière le journaliste…
A son retour à Paris, l’année suivante, Charles Nodier se consacre pleinement à ses activités littéraires et de presse. Il trouve un poste au Journal des débats, l’un des principaux de l’époque où il demeurera de longues années. Là, Charles Nodier y écrit sur la littérature, bien sûr, mais tient aussi des chroniques et éditoriaux politiques, parfois non signés. « C’était parfois difficile de déterminer sa paternité. Certains textes lui sont attribués, d’autres non, même si l’on croit y déceler sa patte. J’ai donc préféré n’intégrer que les textes dont il est l’auteur de manière certaine ». Le tout de manière critique, et commentée. Une bonne manière de discerner son évolution au fil des années : car déjà, derrière le journaliste, perçait le romantique…
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr
“Feuilletons du Journal des débats et autres écrits critiques de Charles Nodier (1800-1823)”, par Jacques-Rémi Dahan, en deux volumes, aux éditions Garnier.