Passer à autre chose – L’édito de Patrice Chabanet
L’exécutif n’entend pas se laisser piéger par l’urgence. Il tente de gérer la pénurie de carburants et les grèves pour en limiter l’impact. Le succès est loin d’être garanti. Une aubaine pour la Nupes qui chante victoire avant la fin de la bataille. Pour sortir de cette embuscade tendue par la CGT, Emmanuel Macron a choisi d’aller de l’avant. Son horizon n’est pas celui de la journée d’action d’aujourd’hui, mais 2035, date prévue pour une filière électrique 100 % française dans le secteur automobile.
Penser à l’avenir, à notre avenir pour vivre sur une planète plus respirable est louable. Encore faut-il savoir comment. Le passage du moteur thermique à la version électrique coûtera cher. Elle dépassera les limites financières non seulement des classes les plus modestes mais aussi des classes moyennes. Chacun peut le constater en consultant les tarifs. Les écarts sont souvent supérieurs à 10 000 € entre les deux modes de motorisation. Des bonus écologiques permettent déjà de réduire la facture du tout électrique. Ils vont même être portés à 7 000 €, au lieu de 6 000 pour la moitié des ménages.
Mais le ressenti n’épouse pas cette réalité chiffrée. Les manifestants d’aujourd’hui, on doit en convenir, auront plus en tête l’envolée des prix des produits essentiels que l’avenir radieux et silencieux du moteur électrique. La version économique du « ne pas lâcher la proie pour l’ombre ».
L’Elysée et Matignon ont donc tout intérêt à passer la vitesse supérieure pour permettre une solution rapide d’une crise de moins en moins perlée, mais de plus en plus électrique. Sans coupe-circuit politique, le risque de surtension se fait sinon inquiétant, du moins menaçant.