Passage obligé – L’édito de Christophe Bonnefoy
Passage obligé, mais pas forcément parcours de santé. Ne pas y aller, c’est faire preuve de dédain envers le monde agricole et se voir reprocher de l’abandonner à son triste sort. S’y rendre, c’est être illico taxé d’avoir des arrière-pensées politiciennes. Electoralistes, en l’occurrence, à moins d’un mois du premier tour des municipales. Mais comme on dit en anglais, le Salon de l’agriculture est “the place to be”. L’endroit où il faut être. Surtout pour un Président.
En un peu plus d’une semaine, ses allées vont voir déambuler tout ce qui se fait de mieux – façon de parler – en matière de représentants politiques. Hier, comme il est de tradition, c’est Emmanuel Macron qui a inauguré l’événement. Et on ne peut pas vraiment dire que sa tâche était simple. On connaît la situation de détresse des paysans. Ils ont besoin d’être rassurés. Mais pour leur redonner espoir, les mots – et les promesses donc -, ne suffisent plus. Il faut venir avec du concret. Ce que n’avait pas le chef de l’Etat dans sa besace, puisque la nuit précédente n’est pas vraiment allée dans le sens des paysans : les négociations sur le budget de l’Union européenne se sont soldées par un échec, notamment sur le maintien de l’enveloppe de la Politique agricole commune.
Au programme également, mais Emmanuel Macron s’y attendait sans doute, mille questions sur mille sujets. Les retraites. Les Gilets jaunes. Et plus globalement tout ce qui alimente le mal-être actuel. Visiblement, le Président apprécie l’exercice. Mais là encore, la dizaine d’heures passée dans les allées du Salon ne doit pas être au final qu’un bain de foule de plus. Le Salon, il faut y être. Certes. Mais il faut également savoir en tirer quelques enseignements quand on en sort.