Pass sanitaire à Chaumont : une baisse de 35 à 50 % des chiffres d’affaires des bars et restaurants
Une semaine après la mise en place du pass sanitaire, les responsables et gérants de bars et restaurants dressent un premier bilan. Les clients s’avèrent plutôt compréhensifs mais ils sont beaucoup moins nombreux. Les vacances d’août et la chaleur y sont aussi pour quelque chose.
Depuis une semaine, le pass sanitaire est entré dans la vie quotidienne de chacun et plus encore dans celle des gérants de bar et restaurant. L’heure du premier bilan est donc venue avec, au “Mil 9”, un cri d’espoir : « nous sommes toujours vivants ». Hadge Mahdjoub, le propriétaire, explique que l’équipe n’a pas abordé cette semaine comme un test comme le préconisait le gouvernement. « Nous avons fait le choix de la rigueur dès le départ pour ne pas déboussoler nos clients ». Tous ont été « flashés » dès mardi dernier, à l’intérieur comme en terrasse. Le professionnel dresse alors un constat : « nous avons refusé une trentaine de personnes le premier jour. C’est frustrant pour nous et quelques clients ont râlé ». Ces derniers ont fait état de leur incompréhension estimant que les gérants de bar font le jeu de l’Etat. Hadge Mahdjoub explique en retour « faire le jeu de tout le monde et éviter un reconfinement ».
Au fil des jours, les clients ont de mieux en mieux accepté la présentation du pass. « Tout se passe bien » dit-il avec un seul hic : « la perte de temps pour trouver le document dans le sac et le présenter » à tel point que les propriétaires ont édité un flyer qui demande, justement, de préparer en avance le document.
Quant à la fréquentation, elle se résume par une perte de 35 à 40 % du chiffre d’affaires soit exactement le nombre de Français qui ne sont pas encore vaccinées. Or, Hadge Mahdjoub cumule deux autres raisons à cette baisse : le départ en vacances de nombreux Chaumontais durant cette période du 15 août et la chaleur de la semaine dernière. Pour lui, le véritable test de fréquentation se déroulera cette semaine.
Depuis la réouverture du 19 mai, les chiffres étaient bons voire très bons
La chute du chiffre d’affaires est jugée « supportable » par le bar du fait de charges salariales réduites et du travail effectué avant. Depuis la réouverture, le 19 mai, le chiffre d’affaires était en hausse de 30 à 40 % avec l’arrivée d’une clientèle « hyper jeune et des volumes de commande plus élevés ». Enfin, Hadge Mahdjoub note la venue de la police, hier, « dans un esprit pédagogique ». Mais, il le sait, il est « pris entre les clients et l’Etat et il ne doit pas rigoler ».
Au restaurant Del Arte, le constat est similaire avec « des clients qui jouent le jeu. Seuls 10 % ne l’ont pas du fait d’une vaccination incomplète ou un test dépassé ». L’équipe fait preuve d’une rigueur extrême pour « zéro risque » quitte à refuser, le cœur gros, « une personne âgée qui n’a pas le bon papier ». Il faut dire que les amendes sont extrêmement dissuasives : 1 500 € pour le salarié qui contrôle et 7 500 € pour le restaurant.
Un sentiment de reprise lundi dernier
Le responsable de Del Arte s’interroge d’ailleurs sur cette amende qui touche les salariés et sur son bien-fondé alors que le contrôle ne fait pas partie de son travail. Quoi qu’il en soit, la semaine du 15 août s’est conclue par une baisse du chiffre d’affaires de 50 % alors que, traditionnellement, août est le meilleur mois de l’année pour l’enseigne. Lundi, une reprise a déjà été perceptible. Peut-être le retour des vacanciers et l’arrivée, déjà, des jeunes de moins de 18 ans vaccinés.
Comme dans le bar, le contrôle du pass nécessite beaucoup de temps alors, lorsqu’il faut installer 120 couverts, l’opération devient « une véritable tannée ». Toujours comme dans les bars, Del Arte note les très beaux chiffres depuis la réouverture, en juin et juillet ; de quoi rassurer et renflouer la trésorerie. « Les clients se font plaisir avec un ticket moyen en hausse après des mois de frustration. En face, il faut dire que l’équipe de treize salariés et les patrons jouent pleinement le jeu ».
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr