Pascal Maitre, le photoreporter lanceur d’alerte
L’un des parrains de cette 26e édition du festival de Montier présente une double exposition sur deux univers différents. D’un côté, les papillons, de l’autre, les conséquences de l’homme sur la planète. Le photoreporter n’est jamais à cours de projets.
« Il y a eu Steve McCurry l’année dernière, moi cette année. C’est intéressant de voir que le festival élargit son champ de vision. » Co-parrain du festival de Montier 2023 avec Olivier Larrey, Pascal Maitre savoure, en toute simplicité. Il s’agit de la troisième venue du photoreporter en terre dervoise. La toute première, c’était en 2008, avec une exposition « sur le rapport de l’homme avec le paysage ». Rebelote, « il y a trois ou quatre ans », cette fois avec une série de clichés sur les baobabs, à Madagascar.
Double dose
Outre son rôle de parrain, le Berrichon d’origine propose deux expositions dans la salle du Cosec. D’abord, Pascal Maitre dévoile les photos de ses papillons monarques, une espèce originaire du Canada qui migre 4 000 km plus loin, pour rejoindre les forêts mexicaines. « Les papillons monarques transitent par les champs agricoles américains. Mais avec les pesticides, certaines fleurs sur lesquelles ils s’arrêtent, disparaissent. » De quoi menacer l’espèce. Leur « incroyable voyage » colle parfaitement à la thématique animalière du festival.
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Juste à côté, sa seconde exposition n’a vraiment rien en commun. Avec « Hybris », qui signifie démesure en grec, le photo-reporter – en activité depuis 1979 – évoque la terre abîmée. « Ce sont des photos tirées de reportages que j’ai fait par le passé », explique-t-il. Sa sélection s’étend sur une vingtaine d’années. Elle montre essentiellement le continent africain – dont il est un spécialiste, régulièrement envoyé sur place par des journaux -, mais aussi en Sibérie, en Malaisie, en Amérique du Sud…
La collecte d’or sous les glaciers péruviens à 5 400 mètres d’altitude, une énorme mine ou le bois rose à Madagascar, la culture d’huile de palme en Malaisie, le dioxyde de sulfure en Sibérie… Autant d’activités humaines aux conséquences néfastes pour la planète. En plus de l’avancée des dunes de sable, le rétrécissement du lac du Tchad (qui se traduit par une adaptation sur place, les pêcheurs devenant agriculteurs), la migration des populations… Pascal Maitre alerte notamment sur le réchauffement climatique. « Mais il n’y a pas que ça. En 1920, la famine faisait déjà 20 000 morts à Madagascar. Certains problèmes visibles sur des photos moins récentes et que l’on retrouve aujourd’hui, persistent aussi à cause de problèmes de gouvernance, de l’argent qui n’est pas utilisé pour développer. »
A la vision des images du photoreporter, chacun se fera sa propre analyse. Et si le co-parrain de Montier 2023 ne sait pas encore ce qui l’attend après le festival, « j’ai quand même plusieurs projets en tête », conclut-il.
Expositions « Hybris » et « L’incroyable voyage des papillons monarques », à découvrir salle du Cosec.
Louis Vanthournout