Pas un hasard – L’édito de Christophe Bonnefoy
Elle pouvait craindre de la prison. Elle s’en sort avec une simple amende… et la libération qui va avec. Mais Marina Ovsiannikova, qui avait brandi à la télévision une pancarte anti-guerre, n’était jugée ce mardi “que” pour une vidéo, diffusée en parallèle de son acte et dénonçant sur le Net l’entrée des troupes russes en Ukraine. Pour son coup de force en direct, elle risque ainsi quinze ans de prison pour publication d’informations mensongères sur l’armée russe. Un crime ! Elle n’est donc pas sortie d’affaire.
Mais voilà. Si Vladimir Poutine n’est pas encore en train de perdre la guerre qu’il a déclenchée, il est loin de la voir se dérouler comme il l’aurait souhaité. Si l’on en croit les observateurs sur place, le matériel est plus soviétique que russe. Autrement dit, il date. Et il s’enraye, si l’on peut dire. Qui plus est, les sanctions contre la Russie ont forcément de lourdes conséquences qui finiront par isoler totalement le pays. Et peut-être faire battre en retraite les soldats russes.
On peut penser qu’en temps normal, Poutine aurait voulu faire un exemple du cas de Marina Ovsiannikova. Pour faire peur. Comme il y est habitué envers son peuple. Ici, l’exemple est inverse. Et n’est sans doute pas un hasard. Moscou continue à pilonner l’Ukraine – et notamment Kiev -, mais on peut se demander si le chef du Kremlin ne cherche pas déjà une porte de sortie. Pour l’instant, les bombes pleuvent toujours. Fort. Aveuglément.
Mais il y a fort à parier que Poutine ne souhaite pas montrer que ce visage de guerrier sans limites et sans scrupules, même si c’est le seul qu’on a pu voir jusqu’à maintenant. Il penserait au coup d’après ? Celui de la gestion d’une défaite ? Qui sait…