Pas très sport – L’édito de Christophe Bonnefoy
Peut-être s’est-on laissé aveugler par le parcours de l’équipe de France de football ? Peut-être avons-nous privilégié notre patriotisme sportif aux dépens des causes écologique et des droits de l’Homme ? Peut-être, surtout, sommes-nous tout bêtement bien trop heureux de laisser de côté nos maux ? Peut-être a-t-on finalement la faiblesse de succomber à l’euphorie ambiante ? Comme de simples humains imparfaits ? Les audiences télévisées de l’événement planétaire sont à l’opposé de ce que les défenseurs des grands principes auraient voulu qu’elles soient.
Mais pendant ce temps-là… près chez nous, au sein-même du Parlement européen, tout nous rappelle – on avait un peu laissé de côté l’affaire, enivrés que nous étions par les dribbles de Mbappé, les coups de tête fracassants de Giroud et les courses folles de Griezmann – que rien n’est gratuit en ce monde. Autrement dit, que tout peut s’acheter ou tenter de s’acheter. Y compris la respectabilité. Et c’est justement, encore, Doha qui semble nous le prouver. Le Qatar. On retiendra dans l’immédiat la belle histoire qui se joue là-bas. Mais on se souviendra, plus tard, que ce sens de la fête n’est parfois qu’un prétexte pour masquer l’inavouable.
A Bruxelles, les billets – de banque – auraient bien rempli les appartements de quelques personnalités du Parlement. Etonnement d’une des intéressées, vice-présidente de l’institution, excusez du peu, chez qui ont été retrouvés 150 000 euros. Elle ignorait leur existence. Evidemment. Chut, présomption d’innocence. Sur qui se portent les soupçons de tentative de corruption ? Devinez… Le Qatar dément. Logique.
Laissons-nous jusqu’à dimanche soir. Le trophée, quel que soit le vainqueur, aura été arraché à la force du mollet. Au mental. Au talent. Et grâce à une défense de fer, entre autres. Celle du Parlement européen apparaît, elle, très perméable aux tentations…