Pas si simple – L’édito de Christophe Bonnefoy
A chaque problème, ses solutions. A chaque solution, de nouveaux problèmes. L’or noir n’a jamais aussi bien – ou mal – porté son nom. Le mouvement des Gilets jaunes était né, entre autres, d’un prix des carburants qui flirtait outrageusement avec les 1,50 euros. Cet or maléfique titille aujourd’hui nos nerfs et notre porte-monnaie en s’affichant sans honte autour de 2 euros. C’est dire à quel point il est un point central de nos maux.
En décidant d’autoriser la vente à perte de diesel et essence à compter du 1er décembre et pour une durée de six mois, le gouvernement joue entre autres la carte d’un regain de popularité auprès des Français en leur parlant pouvoir d’achat. Mais en faisant jour une solution, il pose sur la table de nouveaux dossiers problématiques.
La grande distribution, d’abord. Jamais avare d’opérations spéciales, de “coups” ponctuels, elle pourrait être prise à son propre piège, si l’on peut dire, et refuser tout bonnement de passer du prix coûtant à une substantielle perte financière. Une façon, pour Elisabeth Borne, de faire glisser les responsabilités perçues par les consommateurs. On n’ira pas jusqu’à dire qu’elle se défausse…
Autre point sombre qui s’est vite dessiné à l’annonce de cette mesure : les stations indépendantes savent très bien qu’elles ne peuvent faire le poids face aux gros distributeurs. La vente à perte, pas pour elles. Ça signerait illico leur arrêt de mort. Elles en sont donc à demander des compensations. Qu’elles ont visiblement obtenues auprès du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Ou quand les solutions s’accompagnent de craintes et d’interrogations…
Les Français devront continuer à prendre leur mal en patience jusqu’au 1er décembre. Les oppositions, elles, sont déjà sur le pied de guerre et dénoncent une sorte de «bricolage» et même une «politique de gribouille» inéquitable et inefficace.
Le plein de solutions pérennes, et qui feraient l’unanimité, n’est pas pour demain…