Pas d’illusions à se faire – L’édito de Patrice Chabanet
Les rumeurs sur l’amorce de pourparlers entre Russes et Ukrainiens ne doivent pas faire illusion. La guerre s’installe, avec une violence accrue. Le bombardement du théâtre de Marioupol qui abritait des centaines de civils est là pour doucher tous les espoirs. A l’évidence Poutine se déchaîne avec la hargne de celui qui a échoué dans son projet de conquête rapide. Sa morgue ou son inconscience ne lui ont pas permis d’imaginer la résistance des Ukrainiens. Pour autant, les Occidentaux n’entendent toujours pas intervenir directement dans le conflit, de peur qu’il débouche sur une guerre mondiale. Pour compenser cette retenue ou cet excès de prudence, ils annoncent un renforcement des livraisons d’armes. C’était le sens du discours de Biden. Une façon de calmer les impatiences et la déception des dirigeants ukrainiens. Mais ces derniers, comme l’a fait Volodymyr Zelensky par liaison vidéo devant le Congrès américain, supplient les Etats-Unis de fournir des avions à l’Ukraine. En vain.
Entre cette bataille de communication et l’intensification des combats se glisse un mince canal de négociations à bas bruit. Aucun des belligérants ne peut gagner. Mais la seule idée d’une neutralité de l’Ukraine paraît loin d’un point d’aboutissement. Le mot neutralité est un mot fourre-tout qui permet toutes les interprétations et tous les quiproquos. En clair, nous devons nous attendre à plusieurs semaines de guerre. Un espace-temps qui peut libérer des imprévus inquiétants. Ainsi, l’Otan restera-t-elle l’arme au pied si les crimes de guerre continuent à martyriser le peuple ukrainien ? Des exemples comme celui de Marioupol nous interpellent chaque jour un peu plus.