Pas de miracle – L’édito de Patrice Chabanet
Les chiffres le laissaient clairement prévoir : les semaines qui viennent ne verront pas la fin des contraintes liées à la lutte contre la pandémie. Tout au plus peut-on parler de réaménagement des mesures prises jusqu’ici. Fin du confinement et liberté de déplacement d’un côté, durcissement du couvre-feu de l’autre. Noël échappera au carcan, mais pas la Saint-Sylvestre. Le gouvernement avance à tâtons, visiblement déstabilisé par un virus au comportement imprévisible. Pourquoi après avoir reculé pendant plusieurs semaines s’est-il installé sur une phase plateau ? Il y a autant d’avis que d’experts pour trouver une explication.
Le grand perdant de la réactualisation du dispositif gouvernemental est la culture. Pas d’ouverture prévue avant le 7 janvier, alors que la date du 15 décembre avait été envisagée un moment. Cinémas, théâtres et musées restent dans l’oeil du cyclone et rien ne dit qu’en janvier il n’y ait pas une nouvelle prolongation des fermetures. De quoi décourager, pour ne pas dire désespérer, tout un pan de la société à qui l’on doit tout ce qui fait la réputation et l’image de ce que l’on appelle l’identité française.
L’exécutif a donc choisi la voie de la prudence ou de l’excès de prudence. Cela n’améliorera pas sa cote de popularité, c’est certain. Elle risque d’en prendre un nouveau coup. A moins qu’il soit secrètement persuadé que l’opinion publique lui saura gré d’avoir privilégié l’efficacité à moyen terme. On le saura dans quelques mois.
Le gouvernement pouvait-il faire autrement ? Les oppositions ne manqueront pas de le souligner. Cela dit, elles viennent de perdre un argument de poids : la supériorité allemande dans la gestion de la pandémie. L’Allemagne est confrontée à son tour à une aggravation de la crise sanitaire qu’Angela Merkel n’essaie même pas de masquer. On vous l’avait dit : ce virus se joue de tous les pronostics et des idées toutes faites.