Partie d’échecs – L’édito de Christophe Bonnefoy
La reprise du dialogue entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron est un peu étonnante. Elle est souhaitable, bien sûr, mais on sait depuis le début de la guerre que leurs échanges ont quasiment été sans effet sur toute la ligne.
Poutine daigne parfois discuter. Mais pour mieux tromper ensuite son monde. Doit-on alors croire que sur la question nucléaire et les bombardements qui visent la centrale de Zaporijjia, le Président russe se préoccupe soudainement du bien-être de la planète ? Ou pour le moins qu’il s’inquiète vraiment des conséquences sur les populations ? Peut-on penser qu’Emmanuel Macron est naïf, au point de croire qu’il aura une quelconque influence, cette fois-ci, sur celui qui a mis l’Ukraine à feu et à sang ?
D’un côté, la nouvelle tentative de discussion impulsée par le Président français montre à quel point la situation est grave du côté de Zaporijjia. On parle tout simplement d’un nouveau Tchernobyl. En pire peut-être. De l’autre côté, on voit bien que Poutine, sous couvert d’accepter le déploiement sur place d’une mission d’experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique, cherche déjà à en tirer profit. D’abord, il ne manquera pas d’imposer ses conditions. On a l’habitude. Mais surtout, lui qui accuse l’Ukraine de viser la centrale pour en faire porter la responsabilité à la Russie ne ratera pas l’occasion de se donner le beau rôle dans l’histoire.
Qui trompera-t-il ? Pas grand-monde, sinon à Moscou et parmi ses alliés. Qui arrivera-t-il à convaincre ? Quasiment personne. Comme d’habitude, il n’aura fait que gagner un peu de temps. Temps qu’il mettra à profit pour continuer à pilonner les positions ukrainiennes et tenter de grappiller quelques morceaux de territoire.
Jusqu’à ce qu’on apprenne qu’à Zaporijjia, l’inéluctable s’est produit. Et il sera trop tard. Y compris pour Poutine. Les nuages radioactifs ne choisissent pas, eux, les régions à occuper…