Parcours du combattant – l’édito de Christophe Bonnefoy

C’est un véritable parcours du combattant qui attendait les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Il avait d’ailleurs déjà commencé, avant même de pouvoir atteindre les installations de la centrale de Zaporijjia. Une fois passé l’ultime point de contrôle ukrainien, ils ont été accueillis par des tirs russes. Puis stoppés pendant plusieurs heures. Pas vraiment une promenade de santé donc.

Sur le plan diplomatique, d’avoir pu pénétrer au sein de Zaporijjia est une victoire. Sur un plan purement factuel, on subodore que leur travail est pourtant d’ores et déjà voué à l’échec. Au mieux, ils en sortent avec des constats. Un état des lieux. Ils auraient ainsi, selon leurs dires, vu ce qu’ils voulaient voir. Pas grand-chose donc. Au pire, on leur aura à peu près tout caché de la situation réelle. N’oublions pas que les installations sont aux mains des Russes… On se demande d’ailleurs qui sont là-bas leurs interlocuteurs : militaires ? Experts en nucléaire ? Ça change tout. Aguerris à ce genre de missions, ces représentants de l’AIEA n’en sont pas moins restés tributaires du bon vouloir de ceux qui les accueillaient, si l’on peut dire. Qui plus est, leur inspection n’a à aucun moment été synonyme de cessez-le feu. Les bombardements ont continué ce jeudi, au moins aux abords du site. On imagine bien qu’une situation constatée à un instant T sera radicalement différente quelques heures plus tard.

Un coup d’épée dans l’eau donc ? On dit que ce sont les gouttelettes qui font les océans. Cette visite sur site en est une. A elle seule pas suffisante pour offrir l’assurance que le pire n’est pas devant nous. Mais nécessaire pour laisser espérer qu’un dialogue – ou l’amorce d’un nouveau dialogue – est toujours possible. Si ténu soit le fil.