Paradoxes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Paradoxes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Que retiendra-t-on de positif du quinquennat de François Hollande ? Peut-être ses succès à l’international. Par quoi le début de celui d’Emmanuel Macron est-il marqué ? Son omniprésence à… l’international. Même son discours lundi devant le Congrès n’était pas fermement positionné sur les questions intérieures. Vague direction, plutôt que cap clair. On n’oserait dire un discours d’aventurier, qui sait qu’il part en conquête… mais sans vraiment savoir où.
C’est en effet au Premier ministre qu’est revenue la mission de parler le lendemain devant les députés des choses précises et qui pourraient fâcher. Et c’est encore Edouard Philippe, voilà qui est tellement paradoxal pour ce transfuge de l’UMP, qui est venu encourager les forces vives du désormais parti politique En marche !, hier.
Certes, Emmanuel Macron a clairement annoncé qu’il voulait redonner de la hauteur à la fonction présidentielle. Ses rencontres très symboliques, même très médiatiques, avec les grands de ce monde, Donald Trump et Vladimir Poutine en tête, participent sans doute de cette stratégie : se forger une stature de chef d’Etat reconnu plutôt que se laisser piéger par les problèmes de politique intérieure. Et quelque part, tout est en partie lié. Les décisions prises entre puissants de la planète détermineront d’une manière ou d’une autre, la politique menée par le gouvernement de la France.
On a néanmoins forcément un petit goût amer dans la bouche, après seulement quelques semaines au pouvoir du nouveau chef de l’Etat. Son art de communiquer impressionne. Mais ça ne fait pas une politique. Sa vitesse d’exécution hors de nos frontières tient plus du grand galop que de la balade tranquille. Mais pas sûr que les Français l’attendent sur ce terrain, quand leurs soucis quotidiens tiennent parfois de l’urgence absolue. Ils peuvent avoir l’impression que le quinquennat n’a pas encore totalement démarré. Et même, qu’il ne part pas dans la direction espérée.