Pansey, Illoud, Aillianville et quelques autres combats de 40 méconnus
Si les combats d’Andelot, de Germisay ou de Bourmont sont aujourd’hui bien connus, d’autres engagements de 1940 sont longtemps restés dans l’ombre. Exemple avec ceux qui ont été livrés il y a 81 ans, les 16 et 17 juin 1940, entre les Panzers et les cavaliers français entre la Saulx et la Meuse.
16 juin 1940. Alors que la percée de la 1. Panzer-Division le long de la Marne a fait tomber, en deux jours, Saint-Dizier, Joinville, Chaumont et Langres, deux autres divisions blindées allemandes pénètrent dans le Nord de la Haute-Marne, au moment où les troupes françaises qui se sont battues dans la région de Bar-le-Duc vont tenter de se rétablir sur la Meuse. Dans les anciens cantons de Poissons et Saint-Blin, les spahis marocains et algériens douloureusement éprouvés quelques semaines plus tôt dans les Ardennes vont tenter de s’opposer à la 8. Panzer-Division. Ce seront les combats – ou escarmouches – de Germisay (21 tués, dont deux officiers), de Germay, Epizon, Leurville, Soulaincourt, Echenay, Cirfontaines-en-Ornois… Au cour du repli de la garnison de Leurville, le sous-lieutenant Roger Digny, 28 ans, trouve la mort, soit victime d’éclat d’obus, soit, selon le rapport du capitaine de Geloes d’Eslo*, « achevé au revolver par les Allemands ». Le corps de l’officier lorrain sera recherché par deux de ses hommes et inhumé à Goncourt.
Portés disparus
De son côté, le 22e groupe de reconnaissance de corps d’armée défend les passages de la Saulx à Montiers-sur-Saulx, Saudron et Pansey. C’est dans ce village que trois de ses hommes sont tués : le brigadier-chef Joseph Le Guerneve, les cavaliers Joseph Hervé et Henri Louise. C’est toujours à Pansey que neuf hommes du 14e régiment de tirailleurs sénégalais, dont le sergent-chef Baoua, sont portés disparus à cette date – ils le seront toujours, en août 1940.
« Comme en 14-18 »
Le lendemain, la 8. Panzer-Division continue sa progression en direction de la Meuse. A Semilly et Chalvraines, le 8e régiment de chasseurs à cheval qui tente de résister perd 19 tués ! Après Chalvraines, Illoud est sur la route de Bourmont. Là, des barricades ont été établies par les spahis marocains des lieutenants Duron et Collomb, ainsi que par des “réservistes” du 69e régiment régional. La résistance qu’ils vont opposer va surprendre les Allemands, dont les occupants de deux side-cars et d’un blindé seront mis hors de combat. Par étapes, les Français vont se replier après avoir mis le feu à leurs barricades.
Le rapport du capitaine de Geloes ne tarira pas d’éloges sur le comportement des réservistes : « La conduite au feu de cette compagnie a été remarquable ; avec son capitaine, elle s’est battue comme tous les Français se battaient en 14-18 ».
Au soir, Illoud devra être abandonné, les Français ayant perdu entre trois et cinq tués, les Allemands trois. Le lendemain, l’assaut sera donné à Bourmont défendu par les tirailleurs sénégalais…
Au nord de la route Chaumont – Neufchâteau, les combats ont été vifs, également, ce 17 juin. Ils auront coûté, au 53e bataillon de mitrailleurs (dont une section a également défendu Manois) et au 294e régiment d’infanterie (le régiment où servait un certain Bernard Blier) la perte de treize tués, dont un officier, entre Aillianville et Trampot, aux confins de la Haute-Marne et des Vosges. Une plaque commémorative leur rend d’ailleurs hommage sur le monument aux morts de Trampot.
L. F.
* Rapport conservé par le Service historique de la Défense, à Vincennes.