Paire s’offre un répit
Il est arrivé à Roland-Garros sur la pointe des pieds. En crise de confiance et en délicatesse avec son genou. Depuis des mois, Benoît Paire traverse un cauchemar. L’Avignonnais, touché au tendon rotulien, contraint à l’abandon à Barcelone et à Madrid, puis forfait à Rome, ne savait pas, dimanche encore, s’il allait, oui ou non, participer à Roland-Garros. Le petit miracle s’est finalement produit sur le court N°7, hier : en manque total de préparation contre le Colombien Falla, Paire l’a emporté, sans douleur, dans tous les sens du terme (3-6, 4-6, 6-7).
« Que mon tennis soit bon ou nul, je m’en fiche, a indiqué le tempétueux joueur du TC Paris. Le plus important pour moi, ce n’est pas que mon coup droit passe bien, mais que je gagne et, surtout, que je joue ! » Si son résultat l’envoie au deuxième tour, pour défier Roberto Bautista Agut, Benoît Paire préfère rester extrêmement prudent. « Le problème de ma blessure, c’est qu’un jour, je peux jouer, un autre, je ne peux pas. Or si je devais ressentir la moindre douleur, j’arrêterais mon match, même si je savoure chaque instant d’être ici à Roland-Garros », prévient-il.
« J’ai progressé à la pétanque »
Et tant pis pour ceux qui critiquent ses renoncements. Les avis de ses médecins sur sa participation au tournoi parisien divergeaient ces derniers jours encore et l’Avignonnais, qui a décidé de tenter sa chance, sans objectif de résultat toutefois, admet qu’il ne prendra pas de risque supplémentaire, capable de compromettre la suite de sa saison. « La prochaine étape, sinon, c’est l’opération. Alors je ne veux pas faire n’importe quoi », poursuit-il.
Pendant ses trois mois d’arrêt, Paire n’a pas toujours eu le moral au plus haut. « Mes parents et mes coaches m’ont soutenu et heureusement, parce que beaucoup d’autres personnes m’ont lâché, regrette l’ancien 24e mondial en 2013. Or quand on est hors-circuit, le monde est triste. Je voyais les joueurs sur des tournois que j’aime beaucoup, comme Acapulco, Montpellier ou Marseille. On me reproche parfois mes écarts de comportement sur le terrain, j’ai eu, au moins, beaucoup de temps pour y réfléchir. » Et pour profiter de son arrêt forcé pour s’adonner à sa passion pour la pétanque, chaque soir, avec ses parents. Paire relativise. « J’ai progressé et je suit content. J’ai des belles boules Lacoste… » Et une victoire cette année à Roland, désormais. Presque inespérée.
D. C.