Orange mécanique – l’édito de Patrice Chabanet
Stanley Kubrick avait imaginé un déferlement de violences extrêmes entre adultes. C’était “Orange mécanique”. C’était en 1971. Depuis, la haine a bien mûri. Elle s’est infiltrée dans les veines de l’adolescence. No limit. La mort au bout d’une réflexion ou d’un mauvais regard. L’adolescent de Viry-Châtillon a été victime de cet engrenage fatal. Au-delà du débat qui a suivi ce drame c’est un sentiment d’injustice qui domine : on ne doit pas mourir à 15 ans, surtout pour ce qui s’avèrera être une broutille. D’où ce traumatisme collectif perceptible dès l’annonce du décès du jeune collégien.
La police retrouvera les auteurs de ce lâche forfait. Des premières interpellations ont eu lieu dès hier soir. Les faux adultes redeviendront enfants. Des petits « cons » qui veulent jouer aux caïds. Dans d’autres affaires, on les voit s’effondrer dans la garde à vue. Ils n’ont pas le cuir des truands habitués à nier l’évidence.
Les responsabilités ? Elles sont multiples. On les connaît. La difficulté est de les hiérarchiser. Les parents ou l’école ? Les premiers sont souvent dépassés, surtout dans les familles monoparentales. Cela peut expliquer, sans excuser. La seconde a déjà du mal à transmettre les connaissances de base. On ne peut pas lui demander de devenir la gardienne de l’Education, avec un grand E. Mais, dans une société complexe, elle aurait tout intérêt à y prendre sa part.
Il revient enfin à la société tout entière de se pencher sur le rôle des réseaux sociaux. Nous sommes trop sous l’influence américaine qui privilégie la liberté d’expression à tout prix. L’argument devient inaudible quand cette liberté se mue en liberté d’appeler au meurtre.