Ophélie lave plus propre… et plus nature
Du feu sacré qui brûle en elle pour l’écologie, Ophélie Monnot récupère les cendres. Le linge qu’elle lave est propre. Sa lessive aussi. C’est toute la différence, militante, des produits à la cendre que fabrique à Langres la jeune femme. Pour l’environnement et l’avenir de nos enfants.
Une lumière de Vermeer dessine ses épaules arrondies par l’effort : Ophélie soulève une large bassine remplie à satiété ; il faut éviter les débordements intempestifs. La jeune femme s’apprête à remplir les bidons qu’elle proposera à la vente, dans les boutiques estampillées vertes.
Car Ophélie Monnot fabrique de la lessive ; une lessive à la cendre ! On l’a testée. Et adoptée.
Le projet écolo plonge ses racines dans l’enfance de la jeune langroise d’adoption : ses parents s’étaient impliqués dans un marché paysan. En ces lieux propices aux expérimentations altruistes, elle y a croisé une femme qui produisait de la lessive à la cendre. Cette lessive est naturellement entrée dans les murs de la famille Monnot. Depuis…
« Depuis, j’ai toujours fait moi-même ma petite lessive », explique Ophélie. « J’ai eu envie de partager, de convaincre. Lorsque j’ai pu occuper un logement qui me le permette, j’ai consacré une pièce pour faire mon labo ».
Le logement en question est au pied des remparts lingons, le long de la toute jeune Marne. Détail important, tout de même : il est chauffé au bois. Et qu’est-ce qu’offre un poêle à bois lorsqu’il a fini son job ? De la cendre !
Certains s’en débarrassent dans le jardin. Ophélie la garde. A dessein, elle se chauffe avec des essences claires, notamment le frêne. Cela tombe bien : ces bois sans trop de tanin dominent en Haute-Marne.
La cendre contient de la potasse. Celle-ci est utilisée depuis des temps immémoriaux pour ses qualités lavantes. Longtemps dans l’histoire de l’humanité et jusqu’à il y a peu de temps à l’aune de l’histoire des hommes – des femmes surtout – on a utilisé la lessive à la cendre pour ses nombreuses vertus. Elle utilise un déchet peu onéreux, elle est facile à produire, les risques allergiques sont quasi-nuls, elle est sans odeurs et non polluante. Accessoirement, elle lave bien.
Ophélie ne cache pas, au contraire, qu’elle n’a rien inventé. Reprenant une recette utilisée depuis des lustres, elle tamise la cendre froide jusqu’à obtenir une fine poudre sans “déchet”. Elle compte 200 g de cette cendre “propre” par litre d’eau chaude. Elle prépare pour 30 litres. Elle mélange. Elle laisse la mixture faire son office dans une bassine ronde durant 24 heures, tout en remuant régulièrement.
Lessive, liquide vaisselle, nettoyant pour sols…
Puis elle filtre la lessive à travers plusieurs couches de tissu en coton. Elle récupère ainsi un liquide légèrement teinté d’ambre : la lessive de Lilys. La sienne.
A partir de ce produit de base, Ophélie-Lilys a mis au point des recettes perso pour produire un liquide vaisselle et un nettoyant pour sols. Elle a aussi en rayon une poudre à récurer obtenue en ajoutant du bicarbonate de soude.
Ecologiste jusqu’au bout, Ophélie a mis au point un système de consigne pour les bidons dans lesquels elle commercialise les produits estampillés Lilys. Chaque flacon a plusieurs vies.
Bien davantage que faire fortune, Ophélie veut faire école, démontrer la viabilité et la pertinence de cette recette ancestrale, bonne pour le corps et l’environnement. On trouve ses produits dans les boutiques paysannes et écologiques de Haute-Marne.