Opérations des cancers corrélées à la mortalité
Santé. La dernière émission de Cash Investigation s’est penchée sur l’accès aux soins. Elle dévoile que les opérations de cancers réalisées dans des établissements pratiquant peu entraînent une surmortalité, comme celle de 84 % pour le sein. Zoom sur les établissements chaumontais.
Jeudi 13 janvier dernier, Cash Investigation a diffusé une émission s’intéressant à la santé. L’équipe d’Elise Lucet a, entre autres, enquêté sur le lien entre le nombre d’opérations de cancers réalisées chaque année par établissement et les chances de guérison du patient.
Un rapport (pdf) de l’Assurance maladie publié en 2018 intitulé « Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses » met en avant que plus un établissement pratique des opérations, plus les chances de guérison sont élevées. A contrario, moins il compte d’opérations, plus les risques de surmortalité augmentent.
Pour cause, comme le sportif a besoin de répéter ses gestes pour garder son niveau, le chirurgien a besoin de pratiquer pour conserver la bonne maîtrise de ses gestes. Dans le cas du cancer du sein, une patiente opérée dans un établissement pratiquant annuellement moins de 30 interventions voit son taux de mortalité après un an augmenter de 84% par rapport à un centre réalisant 150 opérations par an.
Seuils en dessous des normes
Afin d’orienter les malades vers l’établissement adéquat, France 2 a recensé les opérations de cancers réalisées à travers les hôpitaux de France. A Chaumont, elle s’est penchée sur le groupement de coopération sanitaire (GCS) du Sud Haut-Marnais Eslan (qui exerce au centre hospitalier), le centre médico-chirurgical de Chaumont-le-Bois et le centre hospitalier.
Selon ces données, entre 2016 et 2018, le GCS Pôle de Santé du Sud Haut-Marnais Elsan a effectué, en moyenne chaque année, moins de dix opérations* de cancers digestifs. Idem pour les cancers gynécologiques, de la sphère oto-rhino-laryngologique (ORL) et du sein.
Au centre médico-chirurgical de Chaumont le Bois, appartenant également au groupe Elsan, moins de dix cancers digestifs, gynécologiques, ORL, du sein et d’urologie ont été opérés dans chaque spécialité.
Du côté du centre hospitalier, 13 opérations de cancers digestifs sont comptées. Pour la gynécologie, le sein, l’ORL et l’urologie, moins de dix sont dénombrés par discipline.
Pourtant, l’arrêté du 29 mars 2007, fixe des seuils minimaux d’activité pour l’exercice de l’activité de soins de traitement du cancer. Pour la chirurgie des cancers du sein, digestifs, urologiques et thoraciques, 30 opérations annuelles sont requises. Du côté de la gynécologie et de l’ORL, le seuil est fixé à 20 interventions chirurgicales. Les hôpitaux chaumontais sont donc en dessous de ces seuils.
Où aller ?
Au-delà de ces chiffres, le rapport de l’Assurance Maladie souligne la nécessité d’augmenter ces seuils : « Les travaux présentés ici soutiennent l’hypothèse que l’application d’un seuil à 150 interventions par an (pour le cancer du sein, ndlr) pourrait s’accompagner en France d’un bénéfice en termes de survie à court et long terme ».
Tous les cancers ne bénéficient pas d’un seuil minimum annuel pour pouvoir être opérés. C’est le cas du cancer de l’ovaire. L’étude de l’Assurance maladie recommande d’ailleurs d’instaurer un seuil à 20 interventions par an.
En Haute-Marne, la clinique François-Ier située à Saint Dizier présente des seuils minimaux d’activité au-dessus des normes pour les cancers digestifs et du sein, avec respectivement 46 et 51 opérations par an. Pour l’urologie, le centre hospitalier de Saint Dizier pratique en moyenne 31 opérations par an.
Dijon dispose de plusieurs établissements avec des seuils supérieurs aux normes. Le CHU de Dijon opère chaque année 321 cancers digestifs, 122 en gynécologie, 233 en ORL, 383 en thoracique et 194 en urologie. Seul bémol pour cet hôpital, les cancers du sein pour lesquels moins de 10 opérations sont réalisées chaque année.
Julia Guinamard
* Les données fournies par France 2 différencient bien “moins de 10” et 0.
Le JHM quotidien a contacté la clinique et le centre hospitalier, mais est resté sans réponse.