“Miracle de Colombey” : « On s’est dit qu’on avait eu une protection du ciel »
La cérémonie religieuse consacrée à Notre-Dame-des-Otages s’est déroulée, comme chaque année depuis 1946, le dernier dimanche du mois d’août.
La cérémonie s’est d’abord tenue en l’église de Colombey, en raison de la météo. Puis les paroissiens se sont rendus au pied de la statue de la Vierge, pour un hommage aux familles des otages et au “miracle de Colombey”. Des scouts de Troyes (Aube) et de Chamalières (Puy-de-Dôme), de passage dans la commune, ont assisté à la messe et ont participé à la cérémonie.
L’histoire est bien connue dans le village. Elle a notamment été racontée et retranscrite par le dernier des anciens otages, décédé en 2007 : Fernand Roethlisberger. Témoin essentiel de cet évènement qui aurait pu être tragique, il avait édité en 1994 une plaquette souvenir à l’occasion des 50 ans de cette rafle mémorable. Sa belle-fille Annette Roethlisberger, la bibliothécaire de Colombey, a repris tous ces éléments pour alimenter la page Wikipédia de la commune, plus particulièrement la rubrique consacrée à Notre-Dame-des-Otages. Voici un extrait de cette page : « Le 19 août 1944, les troupes allemandes stationnent à Colombey devant la Boisserie et devant la mairie. Un camion dans lequel se trouvent des FFI passe dans le village. Des coups de mitraillette éclatent ; deux soldats allemands sont tués, d’autres blessés. Les représailles ne tardent pas et des SS, venus de Bar-sur-Aube, arrêtent sans discernement les 21 hommes et la femme qui leur tombent sous la main dans la rue et dans les maisons. Une autre personne, arrêtée ultérieurement, est associée au groupe, emprisonné à Chaumont pour y subir un interrogatoire de quatre jours. Moment d’angoisse pour les familles, qui connaissent les atrocités commises par les soldats allemands pendant cette guerre. Pendant cette longue attente, avec l’espoir d’être enfin libérés, les 23 otages forment le vœu, s’ils s’en sortent, d’ériger une statue en hommage à la Sainte Vierge. »
En 2022, l’Anmonm (Association nationale des membres de l’Ordre national du mérite) et sa présidente d’alors, Béatrice Bonnin-Kapps, avaient organisé une rencontre avec l’abbé Hubert Demarson, le dernier témoin de la fusillade et de la rafle du 19 août 1944 à Colombey-les-Deux-Eglises, pour recueillir son précieux témoignage. Le dernier témoin du “miracle de Colombey” est aujourd’hui âgé de 92 ans. Il avait 13 ans au moment des faits. Son témoignage se termine ainsi : « Les gens à cette époque étaient très croyants. On s’est dit qu’on avait eu une protection du ciel, on a réagi comme ça. La communauté a décidé d’élever une statue à la Vierge sur la Montagne de Colombey, qu’on a appelé “Notre-Dame-des-Otages” (…) car c’était toute la population qui avait été prise en otage, on l’a quand même échappé belle à plusieurs reprises, les uns comme les autres. »
Les scouts aubois et auvergnats présents à la cérémonie ont ensuite demandé l’autorisation d’organiser leur cérémonie de “promesse de scout”, à cette occasion. Ce n’était pas prévu mais le prêtre, Bernard Auvigne, a accepté. Gwendal, un jeune scout, qui est entré dans le mouvement en septembre dernier, a donc bénéficié d’une intronisation religieuse colombéenne pour entrer dans la grande famille des scouts de France.
Pour terminer, un verre de l’amitié a été offert à tout le groupe par Evelyne Dorkel, fidèle paroissienne.