On compte les chevreuils près de Saint-Dizier
Environnement. L’Office français de la biodiversité a organisé sa 11e capture de chevreuils ce vendredi 18 février, dans le domaine de Trois-Fontaines-l’Abbaye. Plus de cent personnes ont aidé à capturer les animaux, qui sont ensuite examinés dans le cadre de diverses études.
A Trois-Fontaines-l’Abbaye, on ne compte pas les moutons le soir, mais les chevreuils, et ce dès le matin. Vendredi 18 février, vers 9 h, plus d’une centaine de personnes écoute les consignes et le programme mis en place pour la 11e journée de capture, organisée par l’Office français de la biodiversité (OFB).
Depuis 1975, il s’agit d’attraper les chevreuils qui vivent dans cet ancien espace dédié à la reproduction et au repeuplement de ces animaux pour les forêts françaises, désormais devenu territoire de chasse, d’exploitation forestière et d’études pour le CNRS. Les bêtes sont ensuite examinées et font l’objet de prélèvements, voire d’identification au besoin.
Suivre la population de gibier
« Le but, c’est de surveiller la dynamique – la démographie – de la population de chevreuils, estimer les fluctuations des effectifs. Actuellement, 50 % de la population est identifiée », explique Nicolas Blache, technicien pour l’OFB. Le territoire compte 300 chevreuils sur 1 360 hectares qui sont grillagés. Deux groupes sont constitués pour attraper les animaux. Il y a ceux qui placent les filets le long de la route, ainsi que les sabots, de grosses boîtes en bois dans lesquelles le chevreuil sera installé par des personnes expérimentées. « Il faut faire attention aux pattes, qui sont fragiles, et ne pas casser les reins », précise un habitué. Les filets mis, tous vont guetter quelques mètres plus loin l’arrivée des animaux et devoir se montrer réactifs.
Du bruit et de la marche
De l’autre côté des parcelles, les hommes, femmes et enfants, accompagnés de leurs chiens ou d’une corne de chasse, se postent en vue de la battue. Nicolas Blache donne le signal, les bénévoles – composés de chasseurs, naturalistes, biologistes, randonneurs – avancent dans la forêt, en tentant de maintenir une ligne et en faisant beaucoup de bruit pour que le gibier se prenne dans les filets.
Les chiens s’en donnent à cœur joie, le rythme est soutenu, la “balade” s’avère fort agréable bien que boueuse. Soudain : « Tayaut ! Tayaut à droite ! » Soit un chevreuil qui a été aperçu. « Vous l’avez vu ? » « Oui, ses fesses blanches » « Ah bon. » Au total, onze chevreuils ont été pris dans les filets lors de la matinée. Retour dans l’autre sens pour ceux qui ont fait la battue, tandis que le deuxième groupe attend Nicolas Blache, qui récupère avec un véhicule les boîtes à chevreuil pour les installer dans la salle de prélèvements.
Vous pourriez être intéressé par cet article :
Des examens sont prévus l’après-midi, pendant qu’une seconde capture va se dérouler sur d’autres parcelles. Ce samedi encore, l’OFB coordonnera la dernière journée de l’année. Les personnes qui le souhaitent peuvent y participer, histoire de mieux approcher un animal sauvage.
Marie-Hélène Degaugue
mh.degaugue@jhm.fr
Nombreux sujets de recherche
Les animaux sauvages sont examinés dans le calme, dans une salle de manipulation. Une vétérinaire effectue les prélèvements, tandis que des étudiants du Laboratoire de biométrie et de biologie évolutive de Lyon, qui travaillent sur un projet chevreuil, l’assistent. Prise de sang, test Covid, prélèvement de cartilage « pour dresser le profil génétique », de crottes « pour regarder le régime alimentaire », vérification des dents « pour connaître l’âge » sont exécutés. Un collier d’identification est apposé à l’animal s’il n’en avait pas. Grâce à cela, il ne sera pas tiré par les chasseurs, « nous avons un accord avec eux ».
Les études menées permettent d’estimer les paramètres de survie, de reproduction et l’impact du changement climatique. « On remarque, par exemple, que les pics de végétation se produisent plus tôt qu’avant. Comme les faons naissent toujours à la même époque, l’alimentation de la mère n’est plus de si bonne qualité et le taux de mortalité des faons s’est élevé », indique Nicolas Blache. Par ailleurs, l’OFB effectue aussi de la recherche appliquée. « On met au point des outils de gestion, une méthode de comptage, des moyens de lutte contre les dégâts. Et certains procédés sont parfois abandonnés. »