Docteur Olivier Lambert : « Consolider les soins primaires et les parcours de soins »
SANTE. Le mouvement de grève lancé par le collectif « Médecins pour demain » entre le 26 décembre 2022 et le 2 janvier 2023 semble peu suivi en Haute-Marne. Jhm-quotidien fait un point de la situation des généralistes libéraux avec le Dr Olivier Lambert, représentant du syndicat MG 52.
Représentant en Haute-Marne du syndicat MG France (médecins généralistes), le Dr Olivier Lambert n’est pas en grève. Comme tous ses confrères, il croule sous le travail. Après une semaine de congés au cours de la première semaine de vacances scolaires, il enchaîne les rendez-vous cette deuxième semaine. « Je ne sais pas s’il y a des grévistes en Haute-Marne. Il aurait fallu que j’appelle tous mes confrères et cela m’aurait pris une journée complète. Et j’ai mes rendez-vous à assurer », confiait le docteur d’Eurville-Bienville. Ils étaient sept généralistes sur son secteur lorsqu’il s’est installé, il y a 30 ans. Ils sont désormais… Un et demi !
Pour autant, le syndicat MG soutient le mouvement de grève, « même si le mot d’ordre de dire « on met tout sur le montant de la consultation » en doublant la rémunération, n’est pas quelque chose qui va permettre de donner un médecin traitant à ceux qui n’en ont pas », souligne-t-il. A son sens, l’urgence est « de consolider les soins primaires ainsi que le parcours de soins ».
Priorité au suivi des patients
Les généralistes ont à gérer « toutes ces situations médico-psycho-sociales qui sont aussi très chronophages, au même titre que les maladies chroniques et qui ne peuvent pas s’appréhender au coup par coup via des plateformes ou des consultations de soins non-programmés comme on en voit fleurir un peu partout. A Chaumont, ils ont aussi cette idée de faire un centre de soins non-programmés : ce ne sont pas des structures qui vont permettre un suivi dans le temps. Or, c’est très important le suivi dans le temps. »
Si dans le mot d’ordre « on augmente simplement la rémunération, il est plus tentant pour les jeunes médecins de faire simplement du soin non-programmé, avec une consultation majorée plutôt que de s’impliquer sur un territoire pour inscrire des gens en médecin traitant et avec cette contrainte du suivi. C’est plus contraignant de suivre des patients dans le temps ».
Pas assez de médecins, surtout dans le nord haut-marnais
Parmi les choses qui ont agacé Olivier Lambert et nombre de ses confrères, il y a « cette idée que le gouvernement envisage de distribuer tel acte au kiné, tel acte aux infirmières et tel acte aux orthophonistes… Alors que nous avons la formation qui nous permet d’avoir un regard professionnel sur ce qu’est un parcours de soins. (…) Ces consultations plus simples qu’on nous propose de confier à nos infirmiers ou nos pharmaciens, apportent un peu une respiration dans nos journées. Enchaîner des patients lourds, c’est plus dur et donc il sera plus difficile de trouver des jeunes médecins », détaille le docteur Lambert qui, on l’a compris, n’y est pas favorable.
Le nombre de médecins reste insuffisant, notamment dans le Nord du département « où les jeunes médecins ne bénéficient pas de la ZRR, c’est-à-dire de quelques années de défiscalisation. Or sans ZRR, il n’y a plus d’installations. C’est un système extrêmement attractif ».
S. C. S.
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