“Okavango” de Caryl Férey aux éditions Gallimard (série noire)
Caryl Férey est un grand
voyageur et un grand écrivain
de polars. Il sillonne le monde,
s’intéressant particulièrement
aux peuples opprimés,
aux cultures oubliées
et à la défense des animaux
sauvages. Ses thrillers
sont baignés de ses souvenirs,
de ses émotions,
de ses indignations.
“Okavango”, le nouveau roman de Caryl Férey, s’ouvre sur une carte qui situe l’action dans le Sud de l’Afrique à l’intérieur des grandes réserves d’animaux sauvages entre Namibie, Botswana et Angola autour d’un fleuve qui donne son nom au roman. L’Okavango est le royaume des rhinocéros, des lions, des girafes et des éléphants convoités par des braconniers sans scrupule. Une région au lourd passé de conflits entre Afrique du Sud et Angola, pilotés par les USA et l’URSS, des guerres fratricides qui ont décimé et affaibli les populations autochtones. L’auteur dénonce à la fois les méfaits du colonialisme, de l’apartheid, de l’asservissement des indigènes et du trafic des animaux sauvages au moyen d’une intrigue très addictive.
Tout commence chez John Latham, un homme au lourd passé, défenseur farouche des animaux qui a constitué une réserve privée où il pratique “l’écotourisme” habité par la mission de « faire cesser la guerre de l’humain contre l’animalité ». Aidé par les rangers et les indigènes, il va devoir affronter un redoutable adversaire, surnommé le Scorpion, ancien soldat de la guerre d’Angola qui se livre avec ses comparses au trafic juteux des cornes de rhinocéros. Plusieurs animaux sont massacrés et un combat inégal s’engage contre cette petite armée bien entraînée, bien équipée et sans scrupule.
Véritable porte-parole de l’auteur, John Latham relaie sa vision pessimiste du monde : « Quand les hommes réagiront, bien sûr, il sera trop tard, on fonce déjà dans le mur… Personne ne freine le bolide de la catastrophe écologique. »
Cet auteur passionné et engagé nous envoie un message et nous offre de magnifiques pages sur la nature sauvage, des scènes inoubliables comme la délivrance de la girafe prise au piège, la mise bas difficile de la mère éléphant ou l’arrivée imposante du rhinocéros à longue corne, chef de tribu…
De notre correspondante