Offre de soins : «les dés sont pipés»
Médecins généralistes et association des usagers des hôpitaux en sont maintenant persuadés : les ateliers de travail pour préparer la gradation de l’offre de soins ne servent «qu’à gagner du temps.» Tout est déjà écrit selon eux.
Le premier atelier consacré à la réorganisation de l’offre de soins sur les arrondissements de Chaumont et Langres s’est ouvert le 1er mars. Huit filières ont été désignées pour faire l’objet de deux ateliers de travail. Au total ce sont 20 ateliers qui doivent être organisés afin de présenter une feuille de route en septembre. Or, sans que cela puisse être surprenant, les professionnels de santé, médecins libéraux en tête, ont le sentiment amer «de se faire rouler dans la farine». «Est-ce que l’on peut sincèrement produire un travail pertinent et inventif en seulement 60 heures ? J’ai répondu à l’Agence régionale de santé que je ne le pense pas», confie le docteur David Bernard, membre du Copil (comité de pilotage du PETR du Pays de Langres sur la santé).
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Ce dernier est inscrit dans l’atelier des Urgences. Un atelier qui est composé de douze personnes. «Est-ce que le choix des personnes est représentatif ?» interroge de nouveau le Dr Bernard. Et déjà certains points lui font dire que ce travail est superficiel. «Dans l’atelier Mère/enfant on comptabilise 27 médecins généralistes sur le secteur de Langres. Mais où vont-ils les chercher ? Nous sommes vingt médecins généralistes», tance David Bernard. La synthèse de cet atelier tient en seulement 3 pages», s’étonne encore le médecin généraliste. «Ces ateliers ne sont faits que pour nous faire patienter en attendant les résultats en septembre. Ce n’est pas très sérieux», ajoute le Dr François Molli. Et de poursuivre : «Les dés sont pipés.»
«On ne tient pas compte de nos analyses et propositions»
Il est vrai que Guillaume Koch, directeur des hôpitaux Sud Haute-Marne et Centre, avait rappelé que ce qui avait été décidé lors de la conférence de santé de décembre est gravé dans le marbre. Cela vaut par exemple pour un unique plateau technique.
«On ne tient pas compte de nos analyses et propositions. Il y a une perte de confiance en l’ARS et la direction de l’hôpital», affirme Mathieu Thiébaut, président d’Avenir Santé sud Haute-Marne, association des usagers.
Tous ont l’impression que l’ARS souhaite transposer un modèle d’organisation prédéfini et mis en place dans la Meuse. «On ne peut appliquer les mêmes recettes sur tous les territoires. C’est une vision administrative, éloignée du terrain», affirme David Bernard.
D’autre part, les trois membres du Copil s’interroge sur le rôle du conseil scientifique. «Va-t-il valider le travail des ateliers ? Ou va-t-il rédiger un rapport sur la base des travaux des ateliers ? je penche pour la première option», assure le Dr Bernard.
Face à ces constats et ce sentiment que tout est joué d’avance, les membres du Copil ne resteront pas inactifs. «On n’attendra pas la fin des ateliers pour mettre en place des actions», prévient le Dr François Molli. Le bras de fer se poursuit…
Ph. L.