Offre de soins : la lettre ouverte de Didier Loiseau
Santé. Membre du conseil scientifique organisationnel dans le cadre du projet de réorganisation des soins en Centre et sud Haute-Marne, Didier Loiseau a été tenté par la démission. Il n’en fera rien et adresse une lettre ouverte à la sous-préfète de l’arrondissement de Langres.
La dernière réunion du conseil scientifique organisationnel a eu lieu le 11 mai à Bourbonne-les-Bains. Didier Loiseau en fait partie. Pas en tant qu’ancien maire mais en sa qualité de médecin. Ce CSO doit apporter une expertise professionnelle sur les préconisations qui émanent des ateliers thématiques. Déjà le 11 mai, Didier Loiseau avait piqué “un coup de gueule” exigeant des données chiffrées pour pouvoir produire un vrai travail de fond. Tenté par la démission de cette instance, Didier Loiseau n’en fera rien.
En revanche, il se fend d’une lettre ouverte envoyée à la sous-préfète de l’arrondissement de Langres, Emmanuelle Juan-Keunebroek, « sous couvert », précise Didier Loiseau, « de Madame la préfète de Haute-Marne ». Didier Loiseau ne sera pas présent à la manifestation du jour mais quelques extraits de sa lettre ouverte devraient être lus. Il pose le débat. « Le seul élément qui me motive (…) est la donnée majeure contre laquelle nous devons lutter : la surmortalité prématurée qui place la Haute-Marne dans le triste peloton de tête des départements où la santé est la moins bonne et la mort prématurée. Lutter contre cela doit être l’objectif prioritaire de la réorganisation que nous devons mettre en place. Et le faire dans l’esprit qu’il ne s’agit pas de la seule réorganisation hospitalière mais de l’ensemble du parcours de soins de demain incluant la prévention des principales pathologies qui minent la santé de notre département. L’avenir des hôpitaux du Centre et Sud haut-marnais doit s’intégrer dans cette réflexion plus large », explique Didier Loiseau.
Ne pas mesurer au doigt mouillé
« Notre CSO doit produire un travail scientifique, c’est-à-dire reposant sur les faits. J’avais demandé des renseignements qu’une direction d’hôpital, mais surtout une ARS, doivent être capables de donner. À savoir : concernant une activité déjà regroupée sur notre territoire en un seul site, la maternité : l’évolution des courbes de naissances des dix dernières années, à Chaumont et à Langres (jusqu’à sa fermeture). Ceci, afin de pouvoir mesurer factuellement si le calcul fait par l’ARS avant la fermeture de la maternité de Langres était exact : 500 accouchements à Chaumont, 300 à Langres, cela fait près de 800 accouchements à la maternité de Chaumont, soit l’activité d‘une bonne et belle maternité. Il s’agit de mesurer non pas au doigt mouillé mais factuellement l’importance du report des accouchements vers l’unique structure gardée à Chaumont ? Sur les raisons des fuites, deux causes, au minimum, méritaient d’être étudiées : les grossesses à risque nécessitant un accouchement dans une maternité spécialisée, et les autres raisons, en particulier celles mesurables comme le lieu où habitent les femmes accouchant ailleurs qu’à Chaumont. »
Guidez les choix
Didier Loiseau poursuit : « Analyser et comprendre les raisons des « reports » mais aussi des « fuites » hors du département nous guidera dans les choix, au-delà des stériles et paralysantes postures politiciennes ». Didier Loiseau remonte au créneau pour obtenir les données chiffrées. « Soit les services (…) ne sont pas en état de produire ces renseignements, et il faut se poser la question de leur compétence (…). Soit ils disposent de ces renseignements et ne souhaitent pas les communiquer, et c’est déloyal vis-à-vis de tous ceux qui se mobilisent pour ce projet », écrit-il. Le ton est donné.
Céline Clément