Occuper le terrain – L’édito de Patrice Chabanet
L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, ce lundi, ne doit rien au hasard. Elle intervient à un moment critique de la pandémie qui hésite entre stabilisation et reprise. Elle s’intercale aussi dans le débat politique dominé en ce moment par la primaire à LR. Le chef de l’Etat est pleinement conscient qu’avec le souffle de la précampagne il sera de plus en plus la cible de ses adversaires de gauche comme de droite. « Il fera un point sur la reprise économique, les réformes qui sont conduites dans notre pays et sur l’ensemble des sujets qui traversent notre pays », a expliqué le porte-parole du gouvernement. En termes choisis, il annonce déjà la couleur : celui qui n’est pas encore officiellement candidat entend occuper le terrain.
La gestion de la crise sanitaire lui donne une fenêtre de tir. Après un début calamiteux (l’affaire des masques) la stratégie choisie par l’exécutif s’est avérée payante, avec un taux de vaccination record parmi les pays développés. Il n’empêche, les sondages ne montrent pas une adhésion majoritaire de l’opinion publique en faveur de l’action gouvernementale. Trois lourds dossiers entament sa crédibilité : l’immigration, l’insécurité et le pouvoir d’achat.
Emmanuel Macron trouvera certainement les arguments pour « vendre » ce qui ressemblera peu ou prou à son programme. Mais la manière de les présenter restera un exercice à hauts risques. Vaincre la méfiance, pour ne pas dire la défiance, constitue une forme de plafond de verre. Comment expliquer autrement que la forte reprise économique et la baisse sensible du chômage passent pratiquement inaperçues ? Qu’elles n’impriment pas ? Une nouvelle preuve qu’en politique, comme en économie, il ne saurait y avoir de savoir-faire sans faire-savoir.