Occuper le terrain – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les premiers pas du gouvernement Castex sont dans la logique de ce que veut tracer Emmanuel Macron : un nouveau chemin. Plus précisément, et pour dire les choses de manière un peu différente, c’est sur le terrain que ce chemin se dessine. Une mise en forme sous les bottes des ministres et du premier d’entre eux. Au contact des territoires, même si on est là dans la communication pure et dure. Un peu comme si l’équipe qui doit en théorie accompagner le chef de l’Etat jusqu’en 2022 avait besoin d’imprimer, comme on dit. Et même, de faire oublier les couacs de ceux qui n’auront finalement pas fait l’affaire.
Reste que ce nouveau chemin n’a pour l’instant rien de révolutionnaire. Et n’est de toute façon, ni une voie royale, ni une autoroute en ligne droite. Au contraire, le bitume sera pavé de bonnes intentions… mais surtout, peut-être, jonché de nids de poules.
Roselyne Bachelot hier à Strasbourg – tiens,
revoilà Jack Lang – ; Jean Castex à Dijon – tiens, on a peu vu et pas
entendu Gérald Darmanin, nouveau ministre de l’Intérieur – : pour le
moment, les images et les mots supplantent le fond. Par exemple à Dijon. Rien
que de très banal à affirmer que, dans la cité bourguignonne, on connaît les
fauteurs de troubles. Qu’on saura les punir. Que les forces de l’ordre ont tout
le soutien du gouvernement. Un discours maintes fois entendu mais difficilement
audible aujourd’hui, s’il n’est pas accompagné d’actes forts. C’est ce qu’attendent
en fait les habitants des quartiers concernés, tout autant que les gendarmes et
les policiers, à qui on a beaucoup promis, tous gouvernements confondus.
Occuper le terrain, oui. Mais pas pour le déserter aussitôt.