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Obligée d’aller se coucher tôt sans soirée

Claudine Rivière espère pouvoir profiter un peu de ses soirées. Etre handicapé ne signifie pas renoncer à la vie.

A Saint-Dizier, Claudine Rivière fait partie des bénéficiaires qui seront obligés de se coucher tôt, en raison de l’arrêt du service itinérant de l’Adapah. Fini le fait de profiter un peu de sa – courte – soirée, au lieu d’être mise au lit à 21 h 15, ce sera à 19 h 30, juste après son repas, pour être levée à 8 h.

Une contrainte de plus pour cette dame de 68 ans, qui souffre d’un handicap moteur depuis sa naissance et vit dans un fauteuil roulant électrique.

Un état physique qui pourrait se dégrader

« Ça veut dire être au lit pendant tout ce temps. J’espère qu’une solution sera trouvée, je ne veux pas être couchée autant de temps et si tôt, surtout que je ne peux pas bouger seule du lit. Je connais une autre personne handicapée, elle a 100 ans, elle non plus n’en a pas envie ! », s’insurge la Bragarde.

Il faut dire qu’avec le nouveau dispositif, elle devra rester allongée douze heures et demie, soit une demi-journée. Cette longue durée imposée de sommeil a aussi des conséquences qui portent atteinte à la dignité des bénéficiaires. Il leur faudra aller aux toilettes très tôt et espérer qu’il n’y ait pas d’envie pressante ensuite. « Je n’ai pas envie de mettre des protections. On veut nous faire déprimer  ? », s’inquiète Claudine Rivière, qui, si elle n’a pas toute ses capacités physiques, a encore bien toute sa tête, et elle ne compte pas se faire assister de la sorte.

Etre handicapé ne signifie pas être grabataire, encore moins le devenir par l’arrêt d’un service.

Quant aux motifs qui ont poussé l’Adapah à stopper cette aide, Claudine Rivière n’en connaît pas la raison : « Sûrement, un problème d’argent ». En outre, au 23 mai, la structure ne l’avait toujours pas mise au courant de la situation, elle l’a apprise officieusement par d’autres biais. « Des bénéficiaires ont reçu un courrier, moi pas », déclare la dame.

Afin de remédier à ces difficultés, la Bragarde a appelé l’assistance sociale de la Maison départementale des personnes handicapées, qui n’a pas pu l’aider.

Claudine Rivière pourrait aussi payer davantage une aide à domicile mais il semblerait qu’elle perdrait alors la prestation de compensation du handicap ; une aide financière versée par le Département pour rembourser les dépenses liées à la perte d’autonomie.

« Et après, le gouvernement dit qu’il faut maintenir le plus longtemps possible les gens à domicile ? », lance Claudine Rivière pour conclure l’entretien, avec ironie et tant de lucidité.

Marie-Hélène Degaugue

mh.degaugue@jhm.fr

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