Nuits de la lecture : le corps dans tous ses états
La médiathèque Les Silos a dévolu la 8e édition des Nuits de la lecture au corps. A la fois véhicule, objet scientifique, terrain d’expression artistique ou encore fil rouge d’un polar lorsqu’il est « macchabée », le corpus s’est exposé et raconté à l’espace Bouchardon, samedi 20 janvier.
Le corps des autres, c’est sa toile de peintre. Le tatoueur Romuald Jarre, exerçant à Chaumont, a exporté hors ses murs ses outils, savoir-faire de l’art du tatouage, qui le fascine. Etait proposé de s’exercer au « dessin indélébile » sur des feuilles de peau synthétique, pour ressentir le contact de l’outil, sa subtilité, ses vibrations. « On pourrait croire que tracer un simple trait, c’est simple. Non, c’est beaucoup plus compliqué que ça, la peau étant un terrain irrégulier et meuble », résume Romuald Jarre. Il partage également sa passion pour son métier, il a une connaissance pointue de cet art millénaire, aux fonctions parfois rituelles, sacrées, voire sociales.
Cloé Goldi présente une autre manière d’utiliser le corps comme terrain de jeu : le body painting. Fanny, modèle, disparaît peu à peu sous une mer tropicale et ses coraux. Maquilleuse artistique, elle intervient dans le monde de la beauté, de la mode ou encore du cinéma. « Le body painting requiert une vraie créativité, artistiquement, c’est très intéressant. Peindre sur un corps permet de jouer avec les formes, les volumes et les courbes. C’est tout sauf une surface lisse et plane », détaille la jeune femme. Au fur et à mesure de son exécution, le paysage prend forme, et incarné par Fanny, en devient presque vivant.
L’équipe des Silos force de proposition
Céline Chenu, chargée de projet Nuits de la lecture, résume : « pour les jeunes, nous avons proposé vendredi et samedi soir une « Murder Party », dont le scénario est une création de l’équipe des Silos. Un corps est découvert il faut mener l’enquête. L’intrigue se déroulant au sein même de l’Institut du patrimoine haut-marnais, ancienne école encore dans son jus, l’ambiance était incroyable ». Des lectures ont également été proposées aux enfants, sur le thème de l’exploration, usant du cliché des baroudeurs tatoués aux gros bras.
Rencontre littéraire avec Gislain Gilberti
Comme un avant goût du prochain festival du livre, Gislain Gilberti est venu parler de son travail d’auteur de polars, où le corps, malmené, rejeté ou émargé est un personnage à lui tout seul. Tara Lennart, en excellente modératrice, a su guider l’auteur – tatoué, naturellement – à revenir sur la genèse de son oeuvre et à plonger dans les tréfonds d’un passé noir devenu moteur et matière littéraire. Un corps, un cri.
Elise Sylvestre