Les bureaux de tabac vont bientôt vendre… des billets de train !
C’est une première nationale. La Région Grand Est vient de signer une convention avec la confédération nationale des buralistes. Objectif : élargir dans les bureaux de tabac la gamme des services proposés. Par exemple l’affichage d’offres de formations ou encore la vente de billets de train.
Philippe Coy, président de la confédération nationale des buralistes qualifie cette journée du 9 novembre 2022 « d’historique ». Pourquoi ? C’est la première fois au niveau national que la profession signe une convention avec une collectivité aussi importante qu’une Région. Et ça se passe dans le Grand Est. La signature a eu lieu mercredi 9 novembre dans un bureau de tabac dans la petite commune d’Arrigny dans la Marne. Jean Rottner, président du Grand Est et Philippe Coy ont signé cette convention de partenariat d’une durée de trois ans.
Au plus près des plus éloignés
Globalement, elle vise à élargir les offres de services des buralistes qui sont implantés au plus près des habitants. « Nous sommes au plus près des plus éloignés », aime rappeler le président de la confédération nationale des buralistes. Si ce partenariat est historique, il est surtout « gagnant-gagnant », souligne Philippe Coy lui-même buraliste à Lescar près de Pau.
La Région souhaite s’appuyer sur ce réseau qui maille effectivement finement le territoire en proposant aux buralistes d’accrocher de nouvelles cordes à leur arc et d’être les relais de la Région dans certains secteurs. En contrepartie, le Grand Est va aider financièrement les buralistes volontaires à opérer leur transformation digitale. La Région va aussi les accompagner quand il sera nécessaire d’investir pour maintenir ou développer l’activité ou en cas de cession et reprise.
Plus de 10 millions de personnes par jour chez les buralistes
Ce partenariat est, pour Philippe Coy, « un signe de reconnaissance » de l’utilité de ces commerces de proximité qui accueillent chaque jour « plus de 10 millions de personnes », ajoute le président national. Le Grand Est compte 1590 buralistes pour 23 500 à l’échelle nationale. Dans la Région, 44 % des buralistes sont installés dans des communes de moins de 3500 habitants.
Alors quels sont les nouveaux services ? Les professionnels volontaires vont être les relais de diffusion d’offres de formations ciblées et locales. Dans certaines communes – 46 ont été ciblées – les buralistes vont pouvoir vendre aussi des billets de train ou de bus. « Il ne faut pas croire qu’aujourd’hui tout le monde a un smartphone. De la même manière, tout le monde n’a pas de carte bancaire. Il faut remettre un peu d’humain dans tout ça », souligne le président des buralistes de France.
Ravi, Philippe Coy indique que cette toute première convention est « empreinte d’audace » et d’espoirs. Car pourraient émerger de nouveaux besoins pour la Région qui peut s’appuyer sur un réseau dense « et notre expérience de proximité. »
Céline Clément
C’est dit
Lors de la signature, le président de Région, Jean Rottner a déclaré : « Les buralistes ont un rôle d’utilité locale qui reste fondamental sur les territoires, ils en sont les animateurs au quotidien. Par la signature de cette convention, nous souhaitons les accompagner dans leur transformation face à de nouvelles demandes pour conserver le lien social, des aides en proximité de premières nécessités. De l’offre multiservices au relais de la Poste en passant par la vente de produits grand public, les buralistes s’adaptent et la Région est là pour les aider. »
Patrick Laumont : « C’est une bonne chose »
Patrick Laumont est le président des buralistes de Haute-Marne. Il était présent ce mercredi 9 novembre à Arrigny, aux côtés de son président national, pour la signature de cette convention. « Ça ne peut être qu’une bonne chose », commente le buraliste.
Plus de services dans un bureau de tabac, c’est davantage de flux dans la boutique. Patrick Laumont évoque le grand plan de transformation engagé par les professionnels il y a quelques années pour faire face à la chute des ventes de tabac en raison de la hausse des prix et du marché parallèle qui en découle. Ce plan s’appuie sur la diversification des activités des buralistes. Patrick Laumont nous explique comment certains professionnels offrent, depuis un an et demi à deux ans, une solution de paiement en proximité pour le compte des finances publiques (DGFIP) pour régler notamment les factures de services publics locaux (eau, cantine etc…).
Les buralistes pallient ainsi le départ de certains services publics, comme les trésoreries, des territoires. « Nous ne sommes pas là pour prendre la place des trésoreries ni des gares demain avec la vente de billets de trains, nous sommes là pour apporter un service », ajoute le président des buralistes de Haute-Marne. Il voit aussi dans ce nouveau partenariat la « reconnaissance de l’utilité locale » des buralistes. En Haute-Marne, on en dénombre 85, « un chiffre stable depuis 2019 », ajoute Patrick Laumont.
Trois premiers territoires ciblés
La convention est signée. Un comité de pilotage est constitué pour assurer notamment la mise en place de ce partenariat qui va se déployer dès le début de l’année prochaine. Trois premiers territoires ont été ciblés : Strasbourg, Metz et Saint-Dizier.
