Nouveau départ – L’édito de Christophe Bonnefoy
Des pires désillusions peuvent parfois naître les plus belles aventures. Ça peut être vrai dans le domaine industriel, même si ces dernières années, voire décennies, ont souvent prouvé le contraire. Parlez-en donc aux ouvriers du bassin sidérurgique, du côté de la Moselle. Ne soyons pas naïfs, Ascoval n’est pas encore tirée d’affaire. Mais plus les mois passaient, plus la reprise de l’aciérie de Saint-Saulve, dans le Nord, semblait tenir du miracle. De rebondissements en rebondissements, il a fallu aux salariés garder solides des nerfs mis à très rude épreuve. Il leur a, aussi, été nécessaire de croire, sans jamais rien lâcher, en leur bonne étoile et faire valoir, s’il en était encore besoin, leur savoir-faire. Aujourd’hui, enfin, ils respirent. L’annonce, hier, du passage dans le giron du Britannique British Steel ouvre la voie, si elle n’est pas semée d’embûches au-delà du raisonnable, à un nouveau départ.
D’abord, parce que le plan de reprise prévoit de conserver les 270 salariés encore présents sur le site. Ensuite, parce qu’en économie, on n’est jamais – totalement – philanthrope. Et pour le coup, British Steel sait pertinemment qu’en mettant la main sur Ascoval, il a tout à gagner. L’opération permettra au Britannique d’asseoir encore un peu plus son statut de sidérurgiste européen. C’est presque une lapalissade, mais le groupe a évidemment tout intérêt à faire de Saint-Saulve l’une de ses vitrines en France.
Bien sûr, l’avenir n’est jamais joué d’avance. Mais au moins les pages du livre sont-elles désormais vierges. Elles restent à écrire. On n’avait que trop l’habitude de ces drames sociaux dont on connaissait l’issue avant la fin de l’histoire.