Nous voilà prévenus – L’édito de Patrice Chabanet
Cela va sans dire, mais c’est mieux en le disant. Elisabeth Borne nous a placés au pied du mur de la réalité en décrétant la mobilisation générale en faveur des économies d’énergie. Nous voilà donc prévenus à quelques mois de l’hiver. Pas assez contraignant, déplorent certains. Infantilisant, estiment au contraire les autres. Eternelle litanie franco-française. Passons. Les entreprises, elles, savent déjà à quoi s’en tenir. Elles doivent préparer dès septembre – c’est-à-dire demain – un plan de sobriété énergétique. Plus incisive est l’annonce d’un « rationnement » si les efforts demandés ne sont pas suivis d’effets. Le mot n’est plus tabou. C’est un vocabulaire de guerre que le conflit ukrainien est en train de revitaliser. Et qui nous prépare au pire : un hiver très rude à l’aune de ce qu’ont été les canicules à répétition de cet été, ou bien un embrasement de la guerre en Ukraine.
Visiblement, notre pays a attendu le dernier moment pour sonner le tocsin, à la différence de la plupart de ses partenaires européens. Le risque, on le connaît et certains le craignent, c’est un réveil social incontrôlable. A vouloir éviter les contrecoups d’une politique de contrainte le gouvernement s’est exposé à l’accusation d’immobilisme. Or la révolution écologique n’en est qu’à ses débuts. Elle impliquera des mesures de plus en plus drastiques, donc de plus en plus impopulaires. C’est une évidence désormais, et non plus une hypothèse d’école, notre société est en train de basculer vers un avenir indéfinissable. Comme l’ont été les premiers pas de la révolution industrielle, l’irruption de l’atome et l’arrivée de l’informatique. Sobriété ou non.