Notre-Dame-des-Otages : le souvenir demeure
Suite à la fusillade et à l’assassinat par des maquisards français de plusieurs soldats allemands, ce 19 août 1944, en plein cœur du village, les représailles allemandes n’avaient pas manqué de provoquer d’autres troubles, d’autres menaces, et une peur panique parmi la population, qui a échappé aux exécutions sommaires à plusieurs reprises lors de cette journée tragique. Pour finir, 23 habitants de Colombey sont pris en otage et transférés à Chaumont pour y être jugés. Durant leur détention, ils font le vœu, en cas de survie, d’ériger une statue pour remercier le ciel. Ce qui a été le cas. La statue fut inaugurée le 24 août 1946, en présence des otages, de 3 000 personnes et d’Yvonne de Gaulle (le général ayant assisté à l’action de grâce à l’église). Le dernier survivant de ces otages, Fernand Roethlisberger, est décédé en octobre 2007, à l’âge de 87 ans. On lui doit le principal témoignage de cet événement qui marqua durablement les esprits.
Depuis son inauguration en août 1946, la statue de Notre-Dame-des-Otages est le lieu de pèlerinage de tous ceux qui n’ont pas oublié le “miracle de Colombey”. Cette année encore, comme chaque dernier dimanche d’août, plusieurs habitants et paroissiens ont participé à l’évènement.
Dimanche 28 août, après la messe célébrée par le père Auvigne, le groupe (une trentaine de personnes) s’est dirigé vers la clairière de la Montagne de Colombey, où se trouve la statue de la Vierge. Elle symbolise la mobilisation de toute la communauté face à un événement qui aurait pu coûter la vie à 23 habitants du village, et plus largement à une bonne partie de la population. Fort heureusement les fusillades qui ont ponctué cette fameuse journée du 19 août 1944, à Colombey, n’ont fait curieusement aucune victime parmi les civils de Colombey présents ce jour-là. Hasard ou miracle, toujours est-il qu’à cette époque « les gens étaient très croyants » pour reprendre les mots d’Hubert Demarson, qui avait 13 ans au moment des faits. « On s’est dit qu’on avait eu une protection du ciel, on a réagi comme ça. La communauté a décidé d’élever une statue à la Vierge (…) car c’était toute la population qui avait été prise en otage, on l’a quand même échappé belle à plusieurs reprises, les uns comme les autres. » Le père Hubert Demarson, 91 ans aujourd’hui, a passé son enfance et son adolescence à Colombey. Il a livré son témoignage concernant cette journée à l’ANMONM (Association nationale des membres de l’Ordre national du mérite) en mai dernier (voir Jhm quotidien du 22 mai). Un verre de l’amitié a été offert à l’issue de la cérémonie, ainsi que des gourmandises faites par Evelyne Dorkel, paroissienne et habitante de Colombey.