Notes culinaires – L’édito de Christophe Bonnefoy
Casserole. Ustensile de cuisson cylindrique, à fond plat et à manche droit, avec bec ou bord verseur. Ça fait rêver, non ? Le Larousse reste très terre à terre. Basique.
Il lui faudra pourtant désormais s’adapter à l’ère moderne et ajouter à sa batterie de définitions, à défaut de cuisine, une autre interprétation.
Casserole. Instrument de contestation utilisé, lorsqu’on tape sur le fond, pour rendre l’ambiance assourdissante et faire savoir à son Président qu’on ne lâchera rien. Exemple : «Ils tapaient sur leurs casseroles pour protester contre la réforme des retraites».
Trêve de plaisanterie. Les conflits, sociaux ou pas, ont l’heur parfois d’installer de nouveaux mots dans notre vocabulaire. Voici les casserolades. Action d’utiliser les casseroles, donc, etc. etc. On connaît le principe. Et d’ailleurs, le mot existait déjà bien avant cette année 2023. Mais le voilà remis au goût du jour.
Encore faudrait-il que les percussionnistes amateurs puissent exprimer leur art. Si préfets et forces de l’ordre ont bien du mal à interdire leur utilisation, ils s’arrangent toutefois pour éloigner, le plus possible, les orchestres improvisés du parcours d’Emmanuel Macron ou de ses ministres. N’y aurait-il pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ? Quel constraste, entre ces bruyants contestataires dont on veut brider l’instrument… et ces rencontres, plus loin, là-bas, préparées et scénarisées, presque, faites d’échanges entre acteurs de terrain et membres de l’exécutif.
Les secondes nous rappelleraient presque ce grand débat qui avait suivi la séquence des Gilets jaunes. On sait ce qu’il en advint. Pas grand-chose en fait, alors que l’espoir de voir fructifier le dialogue était immense.
Allez savoir ce que l’opération apaisement – 100 jours pour convaincre, en quelque sorte – donnera, alors qu’à la différence du grand débat, elle s’accompagne du tintamarre d’une contestation qui n’a visiblement pas l’intention de passer à feu doux…
c.bonnefoy@jhm.fr