Noir sur blanc – L’édito de Christophe Bonnefoy
On n’a que trop connu, dans la dernière décennie, la capacité du terrorisme islamiste à agir dans notre pays, pour savoir que la menace ne s’éteint jamais vraiment. Attentat. Un mot qui, particulièrement depuis 2015 est bien ancré dans notre vocabulaire.
Même si la douleur est encore vive après Charlie Hebdo, le Bataclan ou d’autres attaques et que les Français ne font pas semblant de fermer les yeux, on a toujours cette facilité de penser, ou cette impression que c’est ailleurs que ça se passe. Qu’on ne sera pas touché. On essaie en tout cas de s’en persuader.
Lorsqu’on est parent, depuis quelques heures on retombe pourtant très vite sur Terre. Il suffit d’un message, sur ce qu’on appelle un Espace numérique de travail – en résumé, une messagerie interne à l’établissement scolaire pour communiquer entre professeurs, parents et élèves – pour subitement prendre conscience que cet ailleurs peut vite nous atteindre ici. Peu d’élèves, et heureusement, ont pu lire le message provenant de pirates, qui menaçaient d’attentats des collèges ou lycées et, pire, était accompagné d’une vidéo de décapitation. En revanche, tous les parents ont eu sous les yeux le mail du rectorat ou de l’établissement scolaire, expliquant l’usurpation d’identité et détaillant le contenu du message de menace. En Haute-Marne aussi. Glaçant. Et si proche de nous, quelque part…
Une façon, autre, pour les jihadistes, de tenter de répandre la peur. Le passage à l’acte est le geste ultime des terroristes – on l’a vu en Russie, le plus récemment. Les piratages et autres moyens d’action plus détournés n’en participent pas moins à une sorte d’avertissement permanent.