Nicolas Richard, de l’enfer des bureaux d’études au joug d’une saga fantasy
Nicolas Richard a récemment publié son premier livre fantasy d’une série qui en compte huit. Après que l’univers des bureaux d’études l’a étrillé, le projet Confessions d’un autre monde fait la loi du sien.
« C’est une « octalogie », avec une approche différente du fantasy classique ». Nicolas Richard s’assure qu’il a été compris, même s’il est à parier que le néologisme « octalogie » signifie qu’il prévoit d’écrire son histoire en huit livres. La singularité de sa « saga » tient d’abord à un parti pris stylistique – l’écriture « à la première personne à la manière de Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions ». À l’aménagement du genre littéraire, aussi. L’auteur revendique ainsi « une proximité avec la réalité » inhabituelle – « les personnages sont le fruit des circonstances, qui ne leur donnent pas vraiment le choix, comme Jean Valjean dans Les Misérables de Victor Hugo ». Le livre I a été récemment publié, il est disponible « dans toutes les librairies de la Haute-Marne » et sur les plates-formes des grandes entreprises commerciales. La sortie du livre II, qui est déjà bouclé… comme le livre III au passage, dépendra du succès du volume inaugural. Voilà cinq ans que cet habitant de Chauffourt s’attèle à ce projet XXL. Qui totalise aujourd’hui plus de 540 000 mots, tous agencés à partir de 17h, chaque jour.
De la méthode
« J’ai été technicien de bureau d’études pendant 12 ans avant, oui, de péter une durite ». Nicolas ne supporte alors plus que « la paperasserie » occupe davantage son métier que la création de plans. Il rêvait d’autre chose que de « l’interprétation de normes ». Alors il va opter pour un « job alimentaire ». Son BTS conception et industrialisation en microtechniques lui « ressert dans (ses) livres », sachant qu’il s’applique à vulgariser les connaissances qu’il y injecte. « C’est un collègue qui m’a poussé à écrire ». De l’enfer qu’il avait le sentiment de vivre, Nicolas a au moins tiré un ami solide, qui reste aujourd’hui celui qui lit le premier ses pages et donne son avis. Nicolas a aussi gardé le goût de la méthode. Il a ainsi mis sur pied toute une équipe autour de lui. Des collaborateurs qu’il a cette fois « trouvés sur Leboncoin ». Le hasard ne trouverait pas où nicher dans l’élaboration du projet de ses Confessions d’un autre monde. Mais il s’est grassement payé sur son inventeur, des revers, Nicolas en a connus en rafale, un vrai cortège. Chaque fois, il s’est relevé.
« 11 cycles de relecture » pour le livre I
« Initialement, je voulais faire un jeu vidéo ». Nicolas écrit 90 pages de storyline, apprend à coder pour réaliser sa démo’ lui-même. Mais son appel à financement participatif ne prend pas. « Je ne pouvais pas abandonner l’enfant (son héroïne Amandine NDLR) que j’avais créé… J’ai remodelé mon projet ». Confessions d’un autre monde deviendra un livre… enfin, plus exactement huit. Un an plus tard, en février 2020, le premier est prêt. Nicolas publie cette version Un en ligne, où il est téléchargeable gratuitement, un an durant. Avant de se raviser. En novembre 2021, il confie son manuscrit à un éditeur à compte d’auteur. Qui met la clé sous la porte trois mois plus tard… sans le rembourser. Aujourd’hui, Nicolas continue de payer les traites de l’emprunt qu’il avait contracté pour régler ses services. À peu près dans le même temps, il s’offre ceux de Tindalos, adorateur de Howard Philips Lovercraft, pour mettre en ligne une version audio du chapitre I. En juin 2022, il frappe à la porte d’une autre maison d’édition à compte d’auteur, Vérone. Le livre I est imprimé en septembre. « Sa correction était très académique ». Trop, selon Nicolas, qui refuse de dénaturer l’expression enfantine d’Amandine. Avec son team, « onze cycles de relecture » vont être enclenchés.
« Mon but, c’est de raconter l’histoire de A à Z »
« C’est devenu une espèce d’addiction, si je n’écris pas, c’est la dépression ». Nicolas est animé par le « désir d’arriver au dénouement », et il s’avère plus fort que tout. Mais… après ? « Ce sera un soulagement. Je ne redoute pas ce moment. Certes, il y aura du vide… ». Sauf que précisément, Nicolas n’en est pas là, et la question d’un lendemain béant sur rien s’évanouit, il l’a déjà oubliée. « Mon but, c’est de raconter l’histoire de A à Z… même si le livre I (qui conditionne donc la publication du suivant NDLR) ne marche pas ». C’est simple comme bonjour, cette histoire apporte à son auteur la saveur qu’il ne trouve pas à la vraie vie.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Confessions d’un nouveau monde, éditions Vérone, 27 €. L’auteur déconseille son ouvrage aux moins de 16 ans : « il y a des scènes de combat et la misère est décrite de manière réaliste ».