Ni blanc, ni noir – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est le type même de sujet, si l’on y met un peu de bon sens, de réflexion et qu’on prend la peine d’avoir un minimum de recul, qui ne peut trouver réponse en une décision évidente, claire, nette et définitive. Ni blanc, ni noir, un peu des deux, plutôt. Une sorte de “oui, mais” tout naturel, quels que soient son avis et ses convictions.
Parce qu’on est tous concernés. Parce qu’on a tous, forcément, de près ou de loin, ou vécu, ou envisagé la problématique de la fin de vie. Et sûrement parce que l’euthanasie ou l’aide active à mourir – nuances – n’est pas de ces questions faciles qu’une simple encyclopédie médicale suffit à trancher. Il y a, d’un côté, la science. Souvent très terre à terre. Et de l’autre, l’affect, les sentiments, l’amour, la raison… Tout ce qui n’est plus scientifique.
La Convention citoyenne qui vient de se pencher sur le suicide assisté ne dit en fait pas autre chose. Parce que, précisément, elle était composée de… citoyens. En se prononçant pour une ouverture à cette aide active à mourir, mais en l’accompagnant de toute une série de garde-fous et de doutes, elle résume toute la difficulté de légiférer sur la mort. Une évidence.
Reste qu’en l’occurrence, cette Convention, tout avis qu’elle ait pu poser sur la table, n’a rien d’une instance de décision. Elle n’est émettrice que d’un avis qui sera, ou non, suivi d’effets. Tout simplement parce que le rapport, si ce n’est déjà fait, sera remonté au président de la République, qui, lui seul, en tiendra compte… ou pas.
Toujours est-il qu’au moins, le débat aura eu le mérite de poser, sur le papier, un fait de société et des questionnements, bien sûr clivants, mais, surtout, qu’on ne peut pas occulter, tant ils ne peuvent que nous toucher.