Nécrologie : Madeleine Cardinal
Madeleine Cardinal s’est éteinte le 13 août, à Langres, où elle était née le 30 novembre 1924, rue de la Boucherie, suivant de peu son unique frère Camille, décédé en 1983 à l’âge de 60 ans. Elle avait entretenu avec celui-ci une grande complicité.
Son père Albert Mortret travaillait principalement aux chemins de fer, et sa mère, née Lucie Frérot, de Lecey, très habile de ses mains, travaillait dans des magasins en couture et broderie. Le couple a dû rejoindre Perrogney pour reprendre la petite ferme familiale. Madeleine était encore enfant, mais se souvenait encore à 97 ans du nom du cheval de la ferme : Pompon !
Madeleine a fréquenté l’école communale de Perrogney. C’était une bonne élève, elle était en classe avec Guy Baillet, et aimait à dire que, parfois, elle avait de meilleures notes que lui !
Elle aimait bien raconter à son fils Jean-Pierre qu’à l’âge de 10 ans, elle avait eu sa première paire de chaussures en caoutchouc ! Avant, elle descendait chaque jour à l’école avec des sabots de bois dont on changeait la paille les jours de neige à midi pour ne pas rester les pieds trempés toute la journée ! Elle obtint son certificat d’études. Est arrivée la guerre, avec son lot de privations. Adolescente, Madeleine gardait les vaches sur « la Grosière ». Un été qu’il faisait déjà chaud et qu’il n’y avait plus assez d’herbe pour nourrir les bêtes, elle les conduisit « en Suize » pour qu’elles paissent. C’est là que « le Jean » était venu la rencontrer. Lui était « aux écoles », interne au lycée de Langres et ne revenait à Perrogney que pour les vacances ! Ils se sont donc fréquentés pendant la guerre.
Jean et Madeleine se sont mariés en octobre 1945. C’était un beau mariage où il ne manquait rien. Il a eu lieu au château de Perrogney car le grand-père Cardinal en était le jardinier. Par la suite, Madeleine a suivi son mari dans ses différents postes d’instituteur. Quand Jean suivit de nouveau une formation à Nancy, Madeleine assurait toujours le quotidien, sans jamais se plaindre des dépenses supplémentaires qui pesaient sur les revenus modestes du ménage.
En 1957, Madeleine et Jean s’installèrent à Chaumont car Jean avait été nommé au collège Voltaire. Grâce à Mme Andriot, Madeleine apprit la broderie, le tricot… Elle allait mettre un point d’honneur à ce que toute la famille soit « tirée à quatre épingles ».
Madeleine et Jean vécurent ensuite à Langres à partir de 1967 : Jean avait été nommé principal du collège Diderot.
Pendant les années de retraite, Madeleine aimait retrouver les dames du village, en cousant. Elle était une bonne cuisinière, régalant la maisonnée. Elle gardait les enfants et petits-enfants, à la demande.
Le jardin occupait beaucoup le couple. L’un et l’autre se témoignaient amour et respect. Jean n’était pas croyant, mais il conduisait son épouse à la messe le dimanche, avant de l’attendre en lisant dans la voiture.
En 2018, ensemble, ils ont intégré la maison de retraite de Langres. Madeleine y est restée seule quand son époux s’est éteint, le 10 août 2019.
Mal voyante, elle écoutait beaucoup France Inter et France Culture, et faisait part de ses commentaires à son fils, qui venait la voir quotidiennement ces trois dernières années. Des moments de tendresse entre Madeleine et Jean-Pierre, qui garde le souvenir d’une mère généreuse, toujours présente.