Ne pas se découvrir – L’édito de Christophe Bonnefoy
On était pourtant prévenu : en avril, pas question de se découvrir d’un fil. Si l’on a bien pris soin de ressortir bonnet et écharpe, à peine 48 heures après avoir tenté le t-shirt pendant la pause repas en terrasse de son bar préféré, la nature, elle, n’a pas eu le temps de prendre ses dispositions. Et quand bien même l’aurait-elle pu, qui pouvait vraiment s’attendre à ce mega coup de froid ? Un retour du gel début avril n’a rien d’exceptionnel. De la neige non plus, même s’il faut bien le reconnaître, le réchauffement climatique nous prive sans doute de beaux hivers blancs. Plus remarquable, au sens premier du terme, est néanmoins le record avancé par Météo France : cette nuit de dimanche à lundi a été en France la plus froide pour un mois d’avril… depuis 1947. Voilà pour ceux qui seraient tentés de sourire, à l’idée qu’on puisse s’étonner d’une telle baisse des températures.
La nature, donc. La voilà désappointée. Le soleil avait un tantinet accéléré l’éclosion des bourgeons. Le froid vient rappeler qu’il ne fallait pas se réjouir trop vite. Les prochains jours devraient être plus doux. Mais le mal est fait. En partie. Et ce sont évidemment les viticulteurs ou autres professionnels qui vivent – parfois comme ils peuvent – de la nature, qui grelottent. A priori, au moins dans notre région, il n’y a pas péril en la demeure. Mais le monde rural se serait bien passé de cette nouvelle péripétie. Pour dix mille raisons, il a déjà bien des difficultés à voir le quotidien comme un long fleuve tranquille.
Allez, ne nous laissons pas refroidir par cette nuit particulière. Après tout, on n’est qu’à quelques semaines du mois de mai. Et en mai…