Ne pas laisser l’insécurité s’installer aux Quartiers-Neufs
Une première rencontre, à l’initiative de la Ville, a été organisée suite à une bagarre qui a dégénéré vendredi 16 juin et qui a mis au jour des tensions au sein des Quartiers-Neufs. Autour de la table : élus, gendarmerie, commerçants, acteurs sociaux et associatifs.
L’actualité ne manque pas de rappeler que des échauffourées peuvent vite devenir incontrôlables. Et, à Langres, la bagarre qui s’est produite vendredi 16 juin aurait pu en être un exemple. Les émeutes de 2005 restent dans la tête de beaucoup d’habitants un très mauvais souvenir qu’ils ne veulent pas voir se reproduire.
Ce vendredi-là, Younès Moussaoui, gérant du restaurant de La Citadelle, n’est pas près de l’oublier et pour lui c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « C’était trop ! Il y a beaucoup de familles qui s’installent pour prendre une boisson ou manger. Avec ce type de bagarre, ils ont peur et c’est normal ! » Le commerçant, installé depuis quatre ans, ne comprend pas ce qui se passe. « Nous sommes très bien ici, il n’y avait jamais eu ce genre de chose jusque-là. J’essaie de faire ce que je peux pour tenir propre et amener de l’animation, mais seul je ne peux pas faire plus. Avant, il y avait un coiffeur et un boucher et tout cela manque. »
Au fil des échanges, d’autres problématiques émergent et, en premier lieu, l’évolution des Quartiers. « Mon équipe et moi, nous ramons. Ça se tend alors que cela faisait 14 ans que les quartiers étaient tranquilles », a affirmé Cindy Ouka, directrice du centre social. Des propos confirmés par Marylène Grépinet, adjointe au maire chargée des Affaires sociales : « Les différents acteurs qui y travaillent, ou y vivent, font effectivement remonter un changement d’ambiance, voire un sentiment de peur qui s’installe. »
Et Soumia Moussaoui, salariée de la M2K, d’ajouter : « Les gens se replient sur leur communauté et les liens ne se tissent pas. En plus la gendarmerie n’est là que pour le répressif, quand ils se déplacent… Nous avons appelé à différentes reprises, notamment pour des violences conjugales, et personne n’est venu ! Comment faire comprendre aux jeunes que les gendarmes sont là pour nous protéger si, quand on appelle, il n’y a personne ? Nous n’en sommes qu’aux prémices de l’insécurité, mais si rien n’est fait cela va monter et je n’ai pas envie d’avoir peur pour le miens. »
« Il faut être dans la rue »
Une jeunesse qui est aussi au centre des préoccupations d’autant plus que l’ADPJ qui fait un gros travail avec ce public dans la rue, semble connaître des difficultés. « Il faut être dans la rue. Il y a une partie des jeunes adultes que la M2K ne touche pas et qui vont plus vers les activités de l’ADPJ. Aujourd’hui, il y a un vide », a souligné la directrice de la M2K.
Ces sentiments d’isolement, d’insécurité et d’impuissance que font remonter les différents acteurs locaux, Anne Cardinal, maire de la ville, et le commandant de la compagnie de gendarmerie de Langres, Nicolas Dupin, les ont bien entendus.
« En 2021, à mon arrivée, nous étions les mêmes personnes autour de la table et aujourd’hui rien n’a changé. Finalement, qui va écouter ou parler avec les habitants ? Nous, la gendarmerie, nous devons renouer la communication avec le centre social et la population. Cela passera par une présence aux Quartiers et pas juste un passage en voiture. Nous devons refaire partie du quotidien des gens », a affirmé le commandant Dupin.
Le maire a plaidé pour la présence d’un médiateur qui connaît bien la ville dans son ensemble et les quartiers en particulier qui pourrait faire le lien. Marouane Jehmi, ancien éducateur social et salarié au COL a, quant à lui, suggéré la tenue de permanences régulières de la mairie et de la gendarmerie ainsi que des manifestations communes avec la population, la Ville et les gendarmes « pour que les gens connaissent mieux le rôle de chacun et que le dialogue et la confiance se nouent ».
Une première rencontre qui a permis de libérer la parole et surtout affirmer une volonté commune de ne pas voir l’insécurité s’installer dans ce quartier qui ne demande qu’à retrouver son souffle et sa douceur de vivre.
Patricia Charmelot