Ne pas instrumentaliser – Edito de Christophe Bonnefoy
A trop vouloir se précipiter, on en arrive souvent à lancer d’une main le boomerang qu’on n’arrivera pas à rattraper de l’autre main. Et à le prendre en plein visage. Les suites de l’explosion, vendredi soir, d’une bombe devant une boulangerie lyonnaise, peuvent ainsi laisser dubitatif.
Fort heureusement, ce que certains se sont essayés à qualifier d’attentat, quand d’autres ont préféré polisser les qualificatifs, n’a fait que des blessés légers. C’est peut-être l’une des raisons, d’ailleurs, qui incite à la prudence, en particulier nos hommes politiques. Ce sentiment qu’on n’a peut-être pas affaire ici à un terroriste de la même veine que ces dernières années, mais éventuellement à un délinquant de droit commun animé par tout autre chose qu’une pseudo-doctrine religieuse. L’enquête devra le déterminer.
En tout cas, Emmanuel Macron, tout comme son ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner ou le maire de Lyon, Gérard Collomb, n’ont pas tenté l’habituelle dramatisation, légitime certes, qui a suivi les attentats successifs depuis 2015. Le fameux boomerang…
A deux jours des élections européennes, le risque était en effet grand de se voir reprocher une instrumentalisation des faits à des fins pas vraiment avouables. Sur les réseaux sociaux, on commence à y être habitué, les complotistes de tout poil sont ressortis de leur tanière. La bêtise semble s’être confortablement installée chez certains.
En l’occurrence, personne ne peut tirer quelque conclusion que ce soit, tant que l’auteur des faits n’a pas été appréhendé. Ou au moins identifié. Seule certitude : il est inenvisageable de relâcher la vigilance face à une menace qui est loin d’avoir disparu, quelle que soit sa forme.