Ne dites plus Bouchardon, mais les Bouchardons
Entre une rue, un lycée et un espace culturel baptisés Bouchardon, l’empreinte de la famille éponyme est restée à Chaumont. Derrière ce nom se trouve deux sculpteurs : Jean-Baptiste et Edmé. La directrice du musée d’Art et d’Histoire de Chaumont, Raphaële Carreau, se livre sur leur histoire.
« A Chaumont, tout s’appelle Bouchardon. Cela donne l’impression qu’il y a qu’une seule personne derrière le nom, mais il y a deux grands personnages », pointe Raphaële Carreau, conservatrice et directrice des musées et du patrimoine de la Ville de Chaumont.
Les deux hommes en question sont Jean-Baptiste Bouchardon, sculpteur et architecte voyer des biens de la ville de Chaumont, et surtout Edme, l’un de ses seize enfants, dont la carrière remarquable l’a conduit en Italie. Une troisième figure peut être ajoutée, celle de Jacquette, l’ainée de la fratrie, qui réalisait les dorures des sculptures de son père Jean-Baptiste.
A Chaumont, les promeneurs croisent les œuvres de Jean-Baptiste Bouchardon. Il est à l’origine de l’hôtel de ville et de nombreux bâtiments de l’hypercentre et du vieux Chaumont. « Il est possible qu’il soit à l’origine du bâtiment d’Alain Afflelou, rue Victoire de la Marne. La devanture comporte des œils-de-bœuf typiques de son travail », indique Raphaële Carreau. En dehors de la ville préfecture, il a travaillé à Andelot, Poulangy ou encore Dijon.
Un buste réalisé par Edmé Bouchardon vendu à 3,75 millions d’euros
Si Jean-Baptiste Bouchardon a davantage laissé sa trace localement, Edme Bouchardon a eu une carrière bien plus prestigieuse. « Il a certainement eu la carrière rêvée par Jean-Baptiste », estime la conservatrice. Après avoir été formé à l’atelier de son père, il travaille sous la direction de Guillaume Coustou, à Paris. Cette expérience le mènera à l’Académie royale de peinture. En 1722, sa carrière prend un tournant avec l’obtention du Prix de Rome. « Cela va lui ouvrir les portes de l’académie de France à Rome », souligne Raphaële Carreau.
En Italie, Jean-Baptiste Bouchardon travaille pour le pape Clément XII, des diplomates allemands ou encore pour des aristocrates britanniques. « Il vend ses sculptures alors qu’il est encore pensionnaire, donc payé par l’Etat. Ça va énerver les services royaux qui lui demandent de rentrer en France. »
Parmi les œuvres remarquables de Jean-Baptiste Bouchardon se trouve une commande de la Ville de Paris : la fontaine des Quatre-Saisons, située rue Grenelle, dans le 7e arrondissement. Ainsi que le buste de Charles Frédéric de La Tour du Pin, acheté par le musée du Louvre pour 3,75 millions d’euros en 2021.
Julia Guinamard