Nauséabond – L’édito de Christophe Bonnefoy
La meilleure défense, c’est l’attaque. Didier Gailhaguet avait promis des révélations. Mais il a montré hier qu’il n’avait peut-être pas pris totalement la mesure du scandale qui éclabousse son sport : le patinage. Sa conférence de presse, ce mercredi, s’est presque résumée à une charge en règle de la ministre des Sports. Reprocher à Roxana Maracineanu son ton moralisateur est fort de café. Lorsqu’on parle de violences sexuelles à l’encontre de jeunes sportives, le moins que l’on puisse attendre d’une ministre de tutelle est en effet qu’elle s’offusque de la situation. Et qu’elle reproche au grand patron de la fédération concernée son silence supposé, alors qu’il avait a priori été alerté de certains agissements. L’enquête administrative devrait éclaircir quelques zones d’ombre.
Didier Gailhaguet se défend. C’est son droit, c’est normal. Mais l’image renvoyée du milieu des sports de glace – du patinage artistique en particulier – est catastrophique. Paradoxalement, les compétitions sont adorées des Français. Ils adulaient Philippe Candeloro. Ils adoraient Surya Bonaly. Mais ils savent pertinemment que cette sphère reste opaque et répond à des règles qui s’apparentent parfois – souvent ? – à de petits arrangements entre amis. Les scandales passés sont d’ailleurs là pour le montrer. Pire que cela même : quand bien même Didier Gailhaguet démissionnerait de son poste, le mal est déjà fait. La faute à des décennies d’opacité et sûrement de non-dits. Les victimes dans tout cela ? D’abord les jeunes filles qui ont subi les violences. Aussi, tous ces jeunes sportifs qui rêvent aujourd’hui d’étoiles et de médailles. On peut craindre que le patinage ait beaucoup de mal à se remettre de ce scandale.