Musique : les artistes, pas muets mais presque invisibles
La musique s’écoute. Elle se regarde, aussi. C’est bien là le problème en cette période de pandémie : si la toile permet aux artistes de se faire entendre, il leur manque la scène pour partager, concrètement, avec le public.
Un an. Voilà bientôt un an que les artistes n’ont plus foulé une scène. Et ce n’est pas fini. De dates reportées en dates reportées, on est passé de concerts programmés à fin 2020 à des rendez-vous envisagés à fin… 2021. La galère.
Alors certes, quelques mastodontes peuvent se permettre de jouer à quitte ou double, sans trop y perdre financièrement. Ils ont les reins solides. Indochine, par exemple, espère bien honorer une tournée des stades en ce milieu d’année mais aurait, au cas où, pris une option sur 2022 pour assurer la même série d’événements.
D’autres pointures sont moins certaines de ne pas y laisser des plumes cette année. Autre exemple, autre philosophie, autre approche. Damien Saez prévoit, lui deux scènes uniques à Paris. Un spectacle dont les dates n’ont pas encore été annoncées, mais espéré comme phénoménal : un soir solo, un soir philharmonique. Avec enregistrement en live de deux albums. Qui plus est financé par des préventes qui ressemblent fort à du crowdfunding. Autrement dit, un pari déjà osé à la base. Et sérieusement remis en question, on l’imagine, par la pandémie.
Et les musiciens dans tout ça ? Et les techniciens ? Les intermittents, souvent ? Emportés, eux aussi, par la vague. Car c’est bien, la plupart du temps, de la scène qu’ils vivent également. Quand Vianney ou Jean-Louis Aubert, entre autres, se rappellent au bon souvenir des fans via les réseaux sociaux, les “petites mains” restent à la maison. Là encore, attention à la casse.
Encore pire pour les locaux
Et que dire de tous ces groupes locaux, amateurs ou semi-professionnels, bandes de copains jouant pour le plaisir plus que pour les cachets ? Ils trépignent et se désespèrent. Ils ont perdu l’essence même de ce qui les motive : la passion. Car pour le coup, il ne faudrait pas non plus l’oublier, la musique, pour ceux qui vont dans les concerts, est avant tout un plaisir. Bien loin des considérations pécuniaires. Et là aussi, en l’occurrence, les intermittents, techniciens et autres “satellites” du spectacle, majoritairement au sein de petites structures, broient du noir.
Seul
point positif, peut-être, et encore, cette longue attente aura
permis de créer, de peaufiner, d’être fin prêt pour le jour J.
Un jour J qui pourrait se compter en mois. Reste, c’est bête
comme chou mais tellement évident, à soutenir les artistes. Au
moins en achetant leurs albums plutôt qu’en allant les piocher sur
des sites pirates. Pourquoi pas aussi en finançant leurs futures
créations par le biais des cagnottes qui fleurissent sur le Net.
Il
ne faudra, lorsque ça sera possible, surtout pas hésiter à aller
écouter sur scène ces artistes considérés comme “petits”
parce que loin du star système. Ne pas hésiter à oser découvrir
ce qu’on n’aime pas forcément a priori. Participer à l’effort
de reconstruction, comme on dit aussitôt une guerre terminée…
Encore
un peu de patience…
Texte et photos Christophe Bonnefoy