MST : le point sur la situation à Saint-Dizier
SANTÉ. À Saint-Dizier, comme partout en France, les maladies sexuellement transmissibles (MST) continuent de se propager, même si de gros efforts sont faits pour les endiguer. Si le VIH se stabilise, d’autres explosent les compteurs.
Jeudi 1er décembre, c’était la Journée mondiale de lutte contre le VIH. À cette occasion, un stand de d’information et de dépistage gratuit avaient pris place dans le hall du centre hospitalier Geneviève-de-Gaulle-Anthonioz. Les professionnels de santé et personnels associatifs présents dressaient tous le même bilan : les MST circulent toujours, même si cette réalité semble échapper aux plus jeunes. « Une jeune fille, qui était en seconde, est passée devant le stand tout à l’heure. Elle ne savait pas ce qu’était le VIH… », s’inquiète Emmanuelle Ragot, infirmière d’éducation thérapeutique.
Pascal Melin, chef du service de l’unité 2 de médecine au centre hospitalier, amplifie l’analyse. « Il y a une banalisation du fait d’avoir attrapé le Sida », souffle le docteur, par ailleurs responsable du Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGGID). Une tendance semble se dessiner, amplifiée par la pandémie de Covid-19 : les Français se font moins dépister.
Au centre hospitalier bragard, la diminution des dépistages est criante. En 2019, dernière année pré-pandémie, 457 tests – toutes MST confondues, pas seulement pour le VIH – ont été réalisés. Puis, 259 en 2020, 387 en 2021 et 293 au 1er décembre 2022. Sur les « années Covid », le nombre moyen de dépistages annuels a chuté de 36 % par rapport aux trois années précédentes.
Explosion des « autres » MST
Si le VIH se stabilise – cinq nouveaux patients ont été suivis à Saint-Dizier en 2021, dont deux nouveaux séropositifs -, les autres MST inquiètent les médecins. « On ne peut plus regarder le VIH de façon isolée, le nombre de patients porteurs de la syphilis, du gonocoque ou de chlamydia explose », alerte Pascal Melin.
Les données de Santé publique France sont sans appel : le taux de dépistage de chlamydia est passé de 21 pour 1000 en 2014 à 41 pour 1000 en 2021. Presque le double ! Constat peu ou prou similaire pour la syphilis (de 38 ‰ en 2014 à 50 ‰ en 2021) et le gonocoque (28 ‰ en 2014, 48 ‰ en 2021). « Et les gens, en particulier les jeunes, utilisent de moins en moins le préservatif… », se désole Pascal Melin. « Il faut sensibiliser, c’est pourquoi nous sommes là », abonde Emmanuelle Ragot, masque rouge vissé sur le bas du visage.
Le désintérêt pour le dépistage se fait également ressentir du côté de l’hépatite B, elle aussi sexuellement transmissible. « Il y a plus de personnes contaminées, et le Covid n’a pas aidé », explique Pascale Berrabah, bénévole de l’association SOS Hépatites présente sur le stand de dépistage. Et d’ajouter : « C’était plus compliqué de se déplacer, donc forcément de se faire dépister, les gens étaient moins réceptifs pendant cette période. »
Ce jeudi 1er décembre, le stand d’information et de dépistage a été un succès. À la mi-journée, une trentaine de personnes s’y étaient déjà arrêtées. « On vient voir quelqu’un à l’hôpital, puis on passe devant le stand qui nous interpelle, on en parle au repas de famille ce week-end, ça peut inciter au dépistage », anticipe Emmanuelle Ragot. À bon entendeur.
Dorian Lacour