Mouche stercoraire : la toison d’or du fumier
Nature. La mouche stercoraire (scatophaga stercoraria), également appelée scatophage du fumier, mouche du fumier, ou mouche à toison jaune, appartient à l’ordre des diptères (mouches). Sa robe d’or la particularise au sein du monde des insectes.
De la famille des scatophages, qui compte 150 espèces en France, la mouche stercoraire aux yeux marron est l’une des plus grosses car elle atteint huit à douze millimètres. Commune, elle demeure sans conteste la plus visible du fait de sa coloration, de ses mœurs et de sa fréquence. Dotée d’une seule paire d’ailes (les hyménoptères ont quatre ailes), tout son corps est recouvert de poils jaunes tandis que des soies noires tapissent son dos. Placée sous sa tête, une trompe repliée lui permet d’aspirer sa nourriture. Peu farouche, se déplaçant en groupe, cette mouche jaune prend rapidement possession des crottins et bouses qui tombent à terre, notamment près des fermes ou des centres équestres, ce qui dénote une faculté sensorielle aboutie. Or, son qualificatif de scatophage demeure injustifié car la mouche stercoraire est une prédatrice ! Si les effluves nauséabondes d’excréments l’attirent, y compris celles émises par des plantes malodorantes, c’est qu’elle jette son dévolu sur diverses espèces de mouches réellement scatophages, généralement plus petites, qui composent son menu. Elle profite de leur affluence sur le fumier pour s’en nourrir, c’est une entomophage et non une scatophage. Quant à ses larves, qui évoluent dans la matière fécale et la consomme, elles se nourrissent également des asticots des autres espèces grâce à leurs crochets buccaux. Issues de pupes hivernantes (nymphes des diptères), les mouches jaunes stercoraires apparaissent au début du printemps, en mars-avril, et leur descendance s’observe jusqu’en octobre au rythme de deux générations annuelles en moyenne. En cas de fortes chaleurs estivales, cette cadence s’accélère.
L’accouplement se déroule sur les lieux de ponte
Le dimorphisme sexuel de cette mouche se traduit essentiellement par une coloration jaune-roussâtre de la pilosité des mâles, et jaune-verdâtre de celle des femelles. Toutefois, cette distinction demeure aléatoire car elle peut varier, sans compter que la taille de ces mouches va du simple au double chez les deux sexes. C’est surtout l’accouplement qui peut révéler qui est qui ! Cet évènement s’observe aisément sur les excréments d’animaux sauvages ou domestiques, sur le fumier, ou à leur proximité immédiate, c’est-à-dire sur les lieux de ponte. C’est à cette occasion que les différences de taille apparaissent, avec des scènes parfois cocasses. Les œufs minuscules de la femelle fécondée doivent être déposés très rapidement sur une bouse fraîche (par exemple) avant que ne se forme, en séchant, la croûte superficielle. Par la suite, la croûte garantit le moelleux interne de la bouse en lui épargnant l’évaporation, ce qui convient parfaitement à la larve pour sa croissance. D’asticot blanc nettoyeur de la nature, elle devient une pupe qui constitue le stade intermédiaire avant l’imago (adulte).