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Mort de Diderot : l’ombre d’un doute…

HISTOIRE. Selon l’immense majorité des sources académiques et encyclopédiques, Denis Diderot est mort le 31 juillet 1784, à Paris, dans la maison que venait de lui offrir l’impératrice russe Catherine II. Mais quelques historiens dissidents, sources à l’appui, contestent cette version.

Académiquement, le consensus est là. Il suffit de consulter Wikipédia et autres biographies pour le constater : Denis Diderot est mort le 31 juillet 1784, à Paris, dans la maison offerte par l’impératrice de Russie Catherine II, amie de longue date du philosophe. Les historiens, en l’occurrence, se basent sur l’acte de décès officiel de Denis Diderot.

Pourtant, l’ombre d’un doute subsiste. Selon quelques sources dissidentes, le philosophe langrois serait en réalité mort la veille, le 30 juillet, et non à Paris mais à Sèvres, dans la maison de campagne de son ami Benjamin Belle, où il s’était retiré pour le printemps et l’été 1784 à la suite de quelques alertes sérieuses de santé. C’est ce qu’affirme notamment, dès 1925, le chanoine de Langres Louis-François Marcel, dans La Revue de l’histoire de l’Eglise de France. Pour ce faire, l’historien local s’est notamment basé sur des correspondances privées. Les lettres envoyées à Langres pour informer du trépas de Denis, notamment à son frère Didier-Pierre Diderot, sont toutes datées du 30. Dans ses mémoires, sa fille Angélique mentionne également le vendredi 30 juillet.

En ce qui concerne le lieu, les mêmes sources mentionnent que Denis Diderot, qui projetait d’investir la maison parisienne de Catherine II, y a renoncé fin juin pour demeurer à Sèvres. Rien n’indique qu’un déménagement ait pu avoir lieu dans le courant du mois de juillet. Se pose, dès lors, une importante question. Pourquoi la famille aurait-elle menti à l’état-civil ? Une archive a récemment été redécouverte par l’historien Serge Aroles, de nature à éclaircir cette partie du mystère. Il s’agit du numéro du 26 novembre 1784 du journal Les Nouvelles ecclésiastiques, qui affirme que la famille a déplacé le corps à Paris et convoqué un prêtre pour (vainement) tenter de le convaincre de conférer post-mortem l’extrême-onction, que Diderot avait refusée jusqu’au bout Si le doute est ainsi semé, le consensus historique et de longue date demeure, toutefois, inchangé.

Nicolas Corté

n.corte@jhm.fr

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