Montagnes russes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un jour l’esquisse d’un sourire, un autre le rictus de ceux qui vivent au rythme des espoirs déçus. Autrement dit, si on veut résumer : les Français ont un sourire jaune permanent, pour imager le propos.
Les cinémas revendiquaient ce week-end la possibilité – la nécessité même – de rouvrir leurs portes. On pouvait se dire, naïvement, que c’était le signe d’une promesse, faite à demi-mots par une ministre qui sent bien poindre l’exaspération. Rien de moins sûr : le scénario est loin d’être des plus aguichants.
Le jeu des montagnes russes est en effet dicté par le gouvernement, lui-même ballotté par une situation qu’il croit parfois contrôler, avant de constater presque dans le même temps qu’il est loin d’en être maître.
Il y a quelques jours, on nous dessinait, bien sûr sans l’affirmer vraiment, prudence oblige, mais tout de même… une sortie progressive du cauchemar à compter de la mi-avril. Pour tous, y compris la sphère culturelle. Les images tournées hier sur le tarmac de l’aéroport d’Orly ont donné le signal inverse. La pression sur le système hospitalier est telle désormais, qu’en Ile-de-France, l’exécutif a lancé une évacuation « massive » de patients vers d’autres régions. On imagine que l’histoire, vécue de la même façon, ou presque, il y a un an, n’annonce pas vraiment un desserrage de vis. Et même, le mot n’est plus tabou dans la bouche des ministres, qu’un nouveau confinement est très sérieusement à l’étude.
Le point de rupture n’est pas loin. Le gouvernement doit ainsi résoudre une équation à deux inconnues, diamétralement opposées. ll est obligé d’entretenir l’espoir. Mais aussi de jouer la fermeté, s’il veut éviter un troisième confinement.